Église Saint-Martin de Radinghem
Église Saint-Martin de Radinghem | |
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Informations | |
Dédicace | saint Martin |
Dates de construction | XVIIe, XIXe siècle |
Particularités | |
Classement | |
Accessibilité | fermé au public |
Sommaire
Aux origines
En 1091, dans le Pouillé de Thérouanne, on mentionne déjà l’église de Radinghem. Elle s’est écroulée au XVe siècle et fut rebâtie aussitôt. Elle fut de nouveau détruite au début du XVIIe siècle, en même temps que le château des seigneurs de la Haye, sans doute à la suite des guerres.
Architecture
L’église de style gothique date de 1628 et son clocher en briques de la fin du XIXe siècle. Elle fut restaurée en 1944.
Le chœur bâti en pierre blanche n’est pas tout à fait dans l’axe de la nef, et le mur doxal (déparant le chœur de la nef) est percé sensiblement à gauche d’un arc triomphal en ogive aigüe. Le chœur est voûté et éclairé de la même façon que la nef. Le chevet de l’église n’a pas de pans ni de fenêtre : c’est un mur plat auquel un grand Christ a été adossé à l’extérieur. Il était masqué par un bouquet d’arbres jusque dans les années 1980. Le chœur possède un petit portail cintré fort bas près de la 1ère fenêtre sud. Le chœur conserve plusieurs dalles funéraires des seigneurs du lieu : les de la Haye d'Hézecques, de France, Le Sergent, de Brandt, ainsi que celle de Clément Rifflart, curé de Radinghem mort en 1609.
La nef est éclairée par deux fenêtres ogivales simples, à moulures et colonnettes, élégantes et un peu surbaissées, ornées d’archivoltes. L’ancienne charpente apparente a été remplacée par des tirants en fer, une voûte en petit plafond ogival à arêtes et nervures formant 4 travées. La nef avait un portail percé dans son pignon à l'ouest, il donne aujourd'hui accès à la tour rebâtie en 1893. Le portail principal s’ouvre depuis cette date sur la première travée de la nef, par une porte en plein cintre précédé d'un porche en pierre : deux piliers ioniques soutiennent un arc, sorte de fronton en plein cintre.
La tour en avant-corps en brique, appuyée de deux contreforts à trois ressauts, a remplacé un ancien clocheton surmontant l’arc triomphal entre le chœur et la nef. Rebâtie en briques, carrée, sans portail, elle possède un premier étage percé de deux hautes meurtrières surmontées d'arcs en mitre, des baies géminées ogivales au 2e étage surmontées d'un larmier ogival formant cordon, et de grandes baies ogivales au 3e étage également couvertes d'un larmier. Corniche et modénatures ornent le sommet de la tour, dont la toiture se compose d'une flèche octogone en charpente et ardoise, en retrait de la terrasse.
Historique
Des travaux à la tour sont réalisés en 1894, en 1904 (au clair-étage et à la flèche), et en 1930, par l’architecte Paul à Arras. En juillet 2001, la municipalité fit restaurer le maître-autel par M. Gallant. M. Carr-Forster, propriétaire du château détruit, fit don à la commune en 1987 de l’église et son mobilier qui lui appartenaient.
Épigraphie
- Graffite contrefort sud de la nef : « Moi Pierre Debuire Ici clere » ; « Alexandre Lefebvre 1781 »
- Graffite au mur nord de la nef : « Jacques … vicaire 1628 ».
Mobilier
- Le maître-autel du XVIIe siècle, est de style grec, sculpté, peint, et doré. Ses colonnes torses et ses sculptures ont été réalisées en tilleul, les menuiseries et l'ossature en chêne et sapin. L'abbé Masset découvre en 1904 que cet autel repose en fait sur un ancien autel consacré portant la croix au milieu de la table mesurant 3 m x 0,90 m. Une entaille a été faite dans l’ancienne table pour encastrer la boiserie du nouvel autel. Derrière, contre le mur figurait un vieux tableau devenu inaccessible. Entre les deux pieds de l’ancien autel ont été jetés des pierres et le curé pense y avoir repéré des boulets.
- À l'entrée de la nef, on trouve un bénitier en grès, vasque hémisphérique à angles octogones, datant de la reconstruction de l’église : il porte la date de 1628.
- Le culte de Sainte Apolline : l'un des autels latéraux est dédié à Sainte Apolline (l’autre est dédié à Notre-Dame de la Salette). Une statue la représente en pied, avec la palme du martyr et une tenaille rappelant son supplice. Un évêque raconte qu’en 249, Apolline fut saisie par les païens (l’Empereur laissait persécuter les Chrétiens). Ils la frappèrent jusqu’à l’édenter avant de la menacer de la jeter au bûcher si elle ne prononçait pas avec eux des formules impies. Elle se jeta elle-même dans le feu. Les anciens propriétaires de l’église comptaient également un tableau réaliste du martyre de Sainte Apolline (XVIIIe), et une bannière de Sainte Apolline acquise en 1860 par M. Gaston de Monnecove. Ces objets ne figurent plus dans l’église aujourd'hui. Une relique de Sainte Apolline (os de la mâchoire inférieure), fut accordée à l’église de Radinghem par Jean François de Calonne, abbé de Blangy, à la sollicitation de Marguerite de Robles, épouse de Charles de la Haye. La translation de la relique eut lieu peu après la reconstruction de l’église (1628), en grande pompe en 1634, cérémonie présidée par Mgr Jean Dolce, évêque de Boulogne-sur-Mer. Le reliquaire de cuivre doré disparut en 1793, dans la tourmente de la Révolution. La relique fut sauvée par Françoise Decréquy, épouse Delvalée, et reconnue en 1803 par Mgr de la Tour d’Auvergne. On la plaça alors dans un reliquaire en bois doré, remplacé fin XIX par un autre sur lequel on peut lire : « A Sainte Apolline - Lucie Le Sergeant de Monnecove décédée le 15 mars 1890 ».
- L'ancienne cloche datait de 1824 et portait l’inscription suivante :
« L’an 1824 j’ai été nommée Emmanuel Par M. Antoine Emmanuel Joseph Le Sergeant d’Acq gentilhomme ordinaire du roi honoraire, gouverneur en survivance de Vitry le Français, seigneur de Radinghem représenté par M. Benjamin Marie Emmanuel Le Sergeant de Monnecove, écuyer, ancien lieutenant de cavalerie, parrain, et Dame élise henriette marcotte son épouse, marraine. Jacques Joseph alloy curé. Jacques Nicolas Thorel maire. Fondue par les Garnier ».
- La cloche actuelle fut fondue par Charles Drouot de Douai en 1901, et porte l’inscription :
« L’an 1901, j’ai été donnée à l’église de Radinghem et nommée Lucie par Mr Édouard Robert Marie Le Sergeant de Monnecove, seigneur de Radinghem, parrain, et par Dame Alice Suzanne Le Sergeant de Monnecove, marraine. J’ai été bénite par Mr Jean Baptiste Holleville, curé doyen de Fruges. Gustave Jean baptiste Masset, curé. Alexandre Debuire maire ». D = 0,76 m. P = 520 livres.
Galerie
Sources et bibliographie
- Mission d'inventaire du patrimoine, Sophie Léger & Maxence Watelle, Comité d'histoire du Haut-Pays et Communauté de communes du Canton de Fruges, 2012-2014.
- Archives départementales du Pas-de-Calais, 2O 11882 ; Roger Rodière, série 12J.
- Archives diocésaines du Pas-de-Calais.
- Roger Rodière, Épigraphie du Pas-de-Calais, tome V : canton de Fruges.