Église Saint-Omer de Verchin : Différence entre versions

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La tour était autrefois coiffée d'une flèche à quatre pans en charpente et ardoise, posée en retrait d'une balustrade aveugle sculptée en méplat. Celle-ci a été fortement endommagée et ses pierres semblent avoir été replacées de façon aléatoire, du moins sur la face ouest, lors de l'installation de la nouvelle flèche vers 1850. La flèche est octogonale à embase carrée, en charpente et ardoise, dont le bois vert s'est vrillé en séchant durant les premières années, lui donnant cet air « tortu ».  
 
La tour était autrefois coiffée d'une flèche à quatre pans en charpente et ardoise, posée en retrait d'une balustrade aveugle sculptée en méplat. Celle-ci a été fortement endommagée et ses pierres semblent avoir été replacées de façon aléatoire, du moins sur la face ouest, lors de l'installation de la nouvelle flèche vers 1850. La flèche est octogonale à embase carrée, en charpente et ardoise, dont le bois vert s'est vrillé en séchant durant les premières années, lui donnant cet air « tortu ».  
  
===La nef, l'enfeu, la chapelle sud , le porche latéral, la sacristie===
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===La nef, l'enfeu, la chapelle sud, le porche latéral, la sacristie===
 
La nef est élevée en pierre sur un solin en grès. Elle s'étend sur cinq travées appuyées de contreforts couverts en bâtière et profilés en éperon sur leur partie haute pour s'achever par un pinacle à crochets. Sur l'un d'eux au nord, on peut lire le millésime « 1608 ». La nef est percée de grandes fenêtres gothiques flamboyantes en tiers-point, dont l'archivolte possède trois voussures. Elles sont géminées de lancettes trilobées, et leur remplage forme des mouchettes. Au nord, la {{4e}} travée est aveugle et la fenêtre de la {{5e}} travée est ternée. Un larmier à retours horizontaux protège chaque fenêtre.
 
La nef est élevée en pierre sur un solin en grès. Elle s'étend sur cinq travées appuyées de contreforts couverts en bâtière et profilés en éperon sur leur partie haute pour s'achever par un pinacle à crochets. Sur l'un d'eux au nord, on peut lire le millésime « 1608 ». La nef est percée de grandes fenêtres gothiques flamboyantes en tiers-point, dont l'archivolte possède trois voussures. Elles sont géminées de lancettes trilobées, et leur remplage forme des mouchettes. Au nord, la {{4e}} travée est aveugle et la fenêtre de la {{5e}} travée est ternée. Un larmier à retours horizontaux protège chaque fenêtre.
  
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Au nord, un porche en pierre couvert en bâtière fut ajouté à la deuxième travée. Son exiguïté et son entrée sous arc cintré ouverte à l'est, et non au nord, répondaient à la volonté de protéger l'église : le tracé des ouvertures en chicane empêchait l'utilisation d'un bélier pour enfoncer le portail. Contre la {{5e}} travée un édicule moderne a été accolé.
 
Au nord, un porche en pierre couvert en bâtière fut ajouté à la deuxième travée. Son exiguïté et son entrée sous arc cintré ouverte à l'est, et non au nord, répondaient à la volonté de protéger l'église : le tracé des ouvertures en chicane empêchait l'utilisation d'un bélier pour enfoncer le portail. Contre la {{5e}} travée un édicule moderne a été accolé.
  
===Le chœur , la chapelle, l'ancienne sacristie===
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===Le chœur, la chapelle, l'ancienne sacristie===
 
La nef et le chœur sont de même élévation et couverts d'une même toiture en charpente et ardoise. Le chœur, élevé en pierre sur un solin en damier de grès et silex équarris, possède trois travées et un chevet à trois pans, percés des mêmes fenêtres que la nef mais ternées. Une porte aujourd'hui murée ouvrait la première travée nord du chœur.
 
La nef et le chœur sont de même élévation et couverts d'une même toiture en charpente et ardoise. Le chœur, élevé en pierre sur un solin en damier de grès et silex équarris, possède trois travées et un chevet à trois pans, percés des mêmes fenêtres que la nef mais ternées. Une porte aujourd'hui murée ouvrait la première travée nord du chœur.
 
La baie du pan axial est plus courte, du fait de l'implantation d'une sacristie entre les deux contreforts, couverte d'une toiture en appentis. Cette sacristie est contemporaine du chœur, une configuration que l'on retrouve aux églises de [[Fressin]] et de [[Lebiez]]. Bâtie en grès et pierre comme le chœur, la sacristie est percée à l'est d'une fenêtre sous arc cintré réparé en brique, dont l'appui est formé d'un grès probablement issu de l'ancien chœur, où figure le millésime « 1550 » à l'envers.  
 
La baie du pan axial est plus courte, du fait de l'implantation d'une sacristie entre les deux contreforts, couverte d'une toiture en appentis. Cette sacristie est contemporaine du chœur, une configuration que l'on retrouve aux églises de [[Fressin]] et de [[Lebiez]]. Bâtie en grès et pierre comme le chœur, la sacristie est percée à l'est d'une fenêtre sous arc cintré réparé en brique, dont l'appui est formé d'un grès probablement issu de l'ancien chœur, où figure le millésime « 1550 » à l'envers.  
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L'église fut achetée 100 francs par un Montreuillois en 1793 qui projetait de la faire démolir pour vendre ses matériaux. Elle échappa miraculeusement aux destructions révolutionnaires, rachetée 500 francs par un habitant de [[Verchin]], avant d'être acquise par Philippe de Wandonne en 1816. Elle subit peu de travaux au {{XIXe}} siècle, sa silhouette étant principalement modifiée par le remplacement de sa flèche et l'ajout de deux appendices. La flèche de la tour devenue trop vétuste fut remplacée en 1850, mais le bois vert utilisé se tordit en séchant les premières années, lui donnant cette silhouette vrillée. Le clocher fait partie des clochers tors d'Europe. En 1875, la famille Warnier de Wailly de Wandonne (propriétaire de l'église) fit bâtir la chapelle seigneuriale accolée au nord du chœur, pour son usage privé, puis la sacristie au sud de la nef. En 1897, on fit restaurer les contreforts de la tour avec de la pierre blanche d'[[Elnes]] et la chaux de [[Fruges]].
 
L'église fut achetée 100 francs par un Montreuillois en 1793 qui projetait de la faire démolir pour vendre ses matériaux. Elle échappa miraculeusement aux destructions révolutionnaires, rachetée 500 francs par un habitant de [[Verchin]], avant d'être acquise par Philippe de Wandonne en 1816. Elle subit peu de travaux au {{XIXe}} siècle, sa silhouette étant principalement modifiée par le remplacement de sa flèche et l'ajout de deux appendices. La flèche de la tour devenue trop vétuste fut remplacée en 1850, mais le bois vert utilisé se tordit en séchant les premières années, lui donnant cette silhouette vrillée. Le clocher fait partie des clochers tors d'Europe. En 1875, la famille Warnier de Wailly de Wandonne (propriétaire de l'église) fit bâtir la chapelle seigneuriale accolée au nord du chœur, pour son usage privé, puis la sacristie au sud de la nef. En 1897, on fit restaurer les contreforts de la tour avec de la pierre blanche d'[[Elnes]] et la chaux de [[Fruges]].
  
L'église fut plusieurs fois restaurée au XXe siècle. D'octobre à décembre 1948, la toiture fut réparée par M. Gallet de [[Lisbourg]] et son beau-frère : ils remplacèrent toutes les nochères, une demande de longue date de M. de Wailly. En 1950, la toiture de la sacristie est restaurée par des couvreurs parisiens du MRU qui remirent à neuf le chéneau. Au clocher, une grosse poutre maîtresse fut remplacée par une poutrelle en fer. Mais le 3 juillet 1950, la foudre vient abîmer tout le côté de l'église donnant vers la rue. M. de Wailly signe un contrat avec le MRU pour faire venir trois camions de bois d'échafaudage, des pièces sont hissées en haut du clocher, mais la pluie pénètre jusque dans la tribune. L'année suivante, M. Belval de [[Lisbourg]] remplace la toiture du clocher, un « travail très dangereux, très long, très coûteux ».
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L'église fut plusieurs fois restaurée au {{XXe}} siècle. D'octobre à décembre 1948, la toiture fut réparée par M. Gallet de [[Lisbourg]] et son beau-frère : ils remplacèrent toutes les nochères, une demande de longue date de M. de Wailly. En 1950, la toiture de la sacristie est restaurée par des couvreurs parisiens du MRU qui remirent à neuf le chéneau. Au clocher, une grosse poutre maîtresse fut remplacée par une poutrelle en fer. Mais le 3 juillet 1950, la foudre vient abîmer tout le côté de l'église donnant vers la rue. M. de Wailly signe un contrat avec le MRU pour faire venir trois camions de bois d'échafaudage, des pièces sont hissées en haut du clocher, mais la pluie pénètre jusque dans la tribune. L'année suivante, M. Belval de [[Lisbourg]] remplace la toiture du clocher, un « travail très dangereux, très long, très coûteux ».
  
Le mobilier est aussi restauré en 1952 : Géry Pauchet sculpteur chez M. Lenglos à [[Beuvry]], arrange les lambris, armoires, chaire, grave les prie-Dieu, les chaises des hommes. Puis en août 1954, Marcel Caron rénove le plafond de la sacristie qui était dans un état lamentable, surtout sous le chéneau où les lattes à nu laissaient passer le vent et la pluie. Les murts blanchis à la chaux étaient plus noirs que blancs.
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Le mobilier est aussi restauré en 1952 : Géry Pauchet sculpteur chez M. Lenglos à [[Beuvry]], arrange les lambris, armoires, chaire, grave les prie-Dieu, les chaises des hommes. Puis en août 1954, Marcel Caron rénove le plafond de la sacristie qui était dans un état lamentable, surtout sous le chéneau où les lattes à nu laissaient passer le vent et la pluie. Les murs blanchis à la chaux étaient plus noirs que blancs.
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Version actuelle en date du 27 avril 2015 à 10:53

Église Saint-Omer de Verchin
Verchin église3.jpg
Informations
Dédicace saint Omer
Dates de construction XVIIe-XIXe siècles
Particularités clocher tors
Classement  Inscrit MH (15 novembre 1996)
Accessibilité fermée au public


L'église Saint-Omer de Verchin fut principalement élevée au XVIIe siècle, rue du château, dans le style gothique flamboyant tardif, typique en Artois.

Descriptif extérieur

La tour et la tourelle

De plan carré, la tour élève ses épaisses murailles à 28 mètres de hauteur, étayées de quatre contreforts diagonaux achevés de pinacles à crochets. Inaccessible depuis l'extérieur, elle n'est percée sur ses trois premiers étages que de jours et de minuscules baies sur les faces nord et sud. Parmi celles-ci, l'une au nord possède un linteau sculpté d'un arc en ogive trilobé, encadré de chiffres formant le millésime « 1509 ». Cette pierre est sans doute un remploi de l'église précédente. Seul le dernier étage, celui de la chambre campanaire, possède des fenêtres. Bâtie en pierre calcaire sur un solin en grès surmonté d'une ligne de damier de grès et silex par endroits, son rez-de-chaussée est percé de trois meurtrières en grès, deux à l'ouest et une au sud.

Une tourelle d'escalier polygonale est engagée dans sa muraille nord contre le contrefort. On y retrouve au rez-de-chaussée une meurtrière pour défendre le portail latéral nord qui ne devait pas comprendre de porche à l'origine. Des cordons de pierre marquent les étages, contournant l'ensemble du massif de maçonnerie (tour, contreforts et tourelle d'escalier). Face nord, une pierre saillante porte un cartouche de style Renaissance millésimé « 1629 » sous un larmier en créneau.

La chambre campanaire est percée de deux baies sur chaque face. Richement sculptées, elles possèdent une archivolte et sont couvertes d'un même larmier épousant l'ogive de leurs arcs au-dessus desquels il forme une accolade. Les fenêtres sont munies d'épais remplages de pierre formant des croix et des motifs trilobés, dans un style Renaissance qui s'apparente à celui des baies de la tour Saint-Pierre d'Aire-sur-la-Lys. Les remplages portent en leur centre une tête d'animal saillante, sauf à l'est : on y distingue un singe à l'ouest, un porc au nord.

Sur la face occidentale, une niche occupe l'espace entre les deux baies, dont le cul-de-lampe devait porter une statue, et dont le dais figure une tête d'homme. Une corniche couronne l'étage, tout aussi richement sculptée, figurant un cep de vigne avec grappes de raisin, feuillages et oiseaux, mordu de part et d'autre par deux courts serpents. Elle est agrémentée de gargouilles parmi lesquelles il ne reste que deux sirènes face nord. Les angles du couronnement de la tour sont aussi marqués de gargouilles représentant un lion grimaçant. La face ouest affiche le millésime « 1630 » au-dessus des baies du clair-étage, formées par quatre pierres sculptées en relief. La même année est inscrite par quatre ancres courant sur les faces sud et est.

La tour était autrefois coiffée d'une flèche à quatre pans en charpente et ardoise, posée en retrait d'une balustrade aveugle sculptée en méplat. Celle-ci a été fortement endommagée et ses pierres semblent avoir été replacées de façon aléatoire, du moins sur la face ouest, lors de l'installation de la nouvelle flèche vers 1850. La flèche est octogonale à embase carrée, en charpente et ardoise, dont le bois vert s'est vrillé en séchant durant les premières années, lui donnant cet air « tortu ».

La nef, l'enfeu, la chapelle sud, le porche latéral, la sacristie

La nef est élevée en pierre sur un solin en grès. Elle s'étend sur cinq travées appuyées de contreforts couverts en bâtière et profilés en éperon sur leur partie haute pour s'achever par un pinacle à crochets. Sur l'un d'eux au nord, on peut lire le millésime « 1608 ». La nef est percée de grandes fenêtres gothiques flamboyantes en tiers-point, dont l'archivolte possède trois voussures. Elles sont géminées de lancettes trilobées, et leur remplage forme des mouchettes. Au nord, la 4e travée est aveugle et la fenêtre de la 5e travée est ternée. Un larmier à retours horizontaux protège chaque fenêtre.

Face sud :

Contre la première travée sud est aménagé un édicule rectangulaire peu saillant percé d'une meurtrière en grès, et couvert d'une toiture en appentis. Il est occupé en réalité par une chapelle à enfeu. La présence de la meurtrière laisse supposer une utilisation originelle défensive ? Son mur porte l'inscription indiquant que maître Philippe Letheve a achevé l'ouvrage le 25 août 1668. Roger Rodière et Pierre Héliot y voient une erreur, la date serait 1608, année de reconstruction de la nef, et non 1668, date à laquelle il n'y a plus de famille de Tramecourt-de Saint-Venant dont les armoiries timbrent l'arc intérieur de l'enfeu.

Contre la quatrième travée sud s'appuie une chapelle, dite chapelle du Rosaire, dont le pignon percé d'une fenêtre moins élevée que celles de la nef, est étayé de deux contreforts diagonaux à pinacles. Dans l'angle formé de cette chapelle et de la 5e travée a été aménagée à la fin du XIXe siècle une sacristie en pierre sur solin de brique.

Face nord :

Au nord, un porche en pierre couvert en bâtière fut ajouté à la deuxième travée. Son exiguïté et son entrée sous arc cintré ouverte à l'est, et non au nord, répondaient à la volonté de protéger l'église : le tracé des ouvertures en chicane empêchait l'utilisation d'un bélier pour enfoncer le portail. Contre la 5e travée un édicule moderne a été accolé.

Le chœur, la chapelle, l'ancienne sacristie

La nef et le chœur sont de même élévation et couverts d'une même toiture en charpente et ardoise. Le chœur, élevé en pierre sur un solin en damier de grès et silex équarris, possède trois travées et un chevet à trois pans, percés des mêmes fenêtres que la nef mais ternées. Une porte aujourd'hui murée ouvrait la première travée nord du chœur. La baie du pan axial est plus courte, du fait de l'implantation d'une sacristie entre les deux contreforts, couverte d'une toiture en appentis. Cette sacristie est contemporaine du chœur, une configuration que l'on retrouve aux églises de Fressin et de Lebiez. Bâtie en grès et pierre comme le chœur, la sacristie est percée à l'est d'une fenêtre sous arc cintré réparé en brique, dont l'appui est formé d'un grès probablement issu de l'ancien chœur, où figure le millésime « 1550 » à l'envers.

Une chapelle seigneuriale a été construite à la fin du XIXe siècle, contre la troisième travée nord, à l'emplacement d'un renfoncement inexpliqué d'un mètre dans l'épaisseur de la muraille. De plan rectangulaire, elle s'élève contre la fenêtre. Elle est percée d'un portail à l'ouest, sous linteau droit supporté par des consoles, et au nord par un oculus à archivolte, dont le remplage forme un trilobe, et surmonté d'un larmier en accolade à retours horizontaux. Le portail est surmonté d'une croix sculptée en pierre, et une frise d'ogives court sous une corniche moulurée couronnant ses murs.

Descriptif intérieur

La tour

On accède à la tour par l'intérieur, par le portail d'ornement ogival de la nef uniquement. L'entrée est en réalité sous arc cintrée et les murs si épais qu'il s'agit plus d'un passage que d'une porte. Le massif carré aux murs très épais est percé des trois meurtrières ébrasées visibles de l'extérieur. Le rez-de-chaussée est couvert d'une croisée simple d'ogives. Ses nervures retombent sur des culots moulurés formant des entonnoirs en quart de cône, que l'on retrouve à la collégiale d'Aire-sur-la-Lys d'après Pierre Héliot. L'un des voûtains est percé d'une trappe ronde. Une porte sous arc cintré donne sur la tourelle d'escalier au nord. Celui-ci est à vis, ses marches en pierre et grès sont bordées de bois, et l'escalier est voûté en berceau dans sa partie haute. Le premier étage montre des restes de plafond composé de voûtains de pierre en berceau reposant sur des poutres transversales. Cette configuration est typique du début du XVIIe siècle dans le Haut-Pays d'Artois. La chambre campanaire est vaste et ses angles forment des encorbellements qui portaient autrefois une plateforme et une balustrade en pierre. Plusieurs inscriptions courent sur les murs, notamment le dessin d'un pendu, « 1783 », etc.

La nef

La nef est couverte de voûtes en croisée d'ogives sexpartites, à liernes et tiercerons. Les clefs de voûtes sont toutes sculptées de motifs variés :

  • des rosaces, le monogramme du Christ (IHS), des dates (1611),
  • un écu au calice,
  • un écu armorié de Tramecourt (d'or à la croix ancrée de sable, avec supports et cimier, tenu par trois hercules),
  • un écu armorié de Tramecourt et de Saint-Venant (d'azur à l'écusson d'argent surmonté d'un lambel de gueules de trois pendants),
  • un écu à trois étoiles ou molettes, dont la famille n'est pas identifiée (Roger Rodière suppose les d'Assonleville en Artois),
  • deux clefs portant le même symbole des brasseurs formé de deux fourquets en sautoir (croisés) au-dessus d'une manne et sous un écu non armorié.

Les nervures des voûtes de la nef retombent sur des culs-de-lampe sculptés de figures grimaçantes, de la croix de Malte, et de la date de « 1608 ». La voûte de la nef est par ailleurs percée de six pots acoustiques, une rareté dans la région. Deux portails ouvrent la nef, l'un sous arc cintré donne sur l'extérieur par le porche nord dont le claveau en grès est daté de 1607, l'autre perce le pignon sous la tribune et ouvre la tour par un arc ogival surmonté d'un épais larmier à retours horizontaux.

L'enfeu

La première travée sud présente un enfeu abritant un Saint-Sépulcre, probablement sculpté en 1608. L'arcade en anse de panier possède une archivolte timbrée des armoiries de Tramecourt et de Saint-Venant, et surmontée d'un épais larmier en accolade à retours horizontaux. L'enfeu est voûté en croisée d'ogives et ses nervures reposent sur des culs-de-lampe sculptés de feuillages. L'ensemble de l'enfeu est peint en bleu et vert, avec pour inscription récurrente le monogramme du Christ (IHS). Les nervures et culs-de-lampe sont peints en saumon, jaune et noir.

La chapelle sud

Une grande arcade ogivale ouvre la 4e travée sud de la nef sur une chapelle dont la voûte est aussi à liernes et tiercerons, aux clefs ornées de rosaces. Les arrêtes retombent sur des culs-de-lampe sculptés de feuillages, dont l'un porte le millésime "1607", date de la construction de la chapelle. Une dalle funéraire veinée de rouge datée du XVIIIe siècle en forme le seuil : cette dalle de la famille de Wandonne était autrefois placée dans le pavé de l'avant-chœur.

Le chœur

La nef et le chœur, d'élévation similaire, sont séparés par un arc triomphal en ogive. Les voûtes du chœur, plus tardives, sont sensiblement différentes de celles de la nef, ne possédant pas de lierne d'axe, mais des clefs pendantes à motifs végétaux, excepté la clef à droite de celle centrale de l'abside qui représente le Saint-Esprit par une colombe. Les nervures retombent sur des culs-de-lampe formant dais au-dessus de niches supportées par d'autres culs-de-lampe. L'ensemble est sculpté de feuilles grasses. On est loin ici des chœurs de style gothique flamboyant tardif , aux dais richement sculptés comme à Lebiez, Bomy, Fléchin, Preures, ... La date d'élévation des voûtes est inscrite en pierre saillante : « 1616 » (ou « 1676 » d'après Roger Rodière), ainsi qu'une inscription en lettres rouges : « IHS ANNO MAR ». Le pan sud de l'abside est creusé d'une piscine dont l'arc possède une archivolte à redents et un larmier en accolade à retours horizontaux. La petite sacristie est voûtée en berceau.

La chapelle nord

Une arcade en anse de panier ouvre la 3e travée nord du chœur sur la chapelle seigneuriale. Celle-ci, bâtie tardivement, possède une voûte aux nervures épaisses reposant sur des culs-de-lampe prismatiques.

Historique

L'église d'origine fut peut-être restaurée ou relevée entre 1509 et 1550, deux millésimes qui apparaissent sur des pierres de remploi, à la tour et à la sacristie accolée au chœur. Une gouache des Albums de Croÿ montre une église dotée d'une tour en avant-corps, d'une nef en deux parties de hauteurs différentes, et d'un chœur moins élevé que la nef. Difficile de s'y fier étant donné que cette gouache fut réalisée entre 1605 et 1610, pendant les travaux de reconstruction de l'église. Les inscriptions « 1583 » et « 1611 » apparaissant respectivement sur le soubassement de la nef et du chœur tendent à prouver que la nouvelle église, qui fut presque entièrement rebâtie au XVIIe siècle, fut remontée sur les fondations et solins antérieurs.

La chapelle sud date de 1607, la nef de 1607-1608 dont les voûtes furent montées en 1611. Le registre de catholicité de la paroisse mentionne la mort d'un des ouvriers travaillant à cette voûte : « Jean Porc, oppressé des pieres du hourdage de l'église, mourut le 16 janvier mil sic cens et unze ». Le chœur et la sacristie datent des mêmes années. Les voûtes du chœur ont été élevées en 1616 (ou 1676 ?). La tour fut achevée vers 1630, tandis que le porche latéral nord fut bâti vers le milieu du XVIIe. Roger Rodière signale qu'à la fin du XIXe siècle, un curé de Verchin « a brocanté cinq ou six groupes en pierre très curieux, quart-nature, représentant les diverses scènes de la Passion et qui ornaient le porche latéral ». Les murs du clocher et les voûtes de la nef portaient les armoiries d'Antoine de Tramecourt (mort en 1657) qui hérita de la terre de Verchin en 1609, et Louise DE SAINT-VENANT, son épouse (morte en 1636, inhumée sous le chœur de l'église de Tramecourt). Le cartulaire de la seigneurie de Lisbourg mentionne à la date du 7 août 1689, « des soldats tenant garnison dans la tour de l'église » de Verchin. La tour fortifiée devait servir aux habitants à trouver refuge, pour se protéger des troupes pillant les villages de leurs bêtes, récoltes et habits dans leurs chevauchées entre les places fortes. Cette année 1689 vit en effet l'incursion de détachements de troupes espagnoles dans la Flandre française.

L'église fut achetée 100 francs par un Montreuillois en 1793 qui projetait de la faire démolir pour vendre ses matériaux. Elle échappa miraculeusement aux destructions révolutionnaires, rachetée 500 francs par un habitant de Verchin, avant d'être acquise par Philippe de Wandonne en 1816. Elle subit peu de travaux au XIXe siècle, sa silhouette étant principalement modifiée par le remplacement de sa flèche et l'ajout de deux appendices. La flèche de la tour devenue trop vétuste fut remplacée en 1850, mais le bois vert utilisé se tordit en séchant les premières années, lui donnant cette silhouette vrillée. Le clocher fait partie des clochers tors d'Europe. En 1875, la famille Warnier de Wailly de Wandonne (propriétaire de l'église) fit bâtir la chapelle seigneuriale accolée au nord du chœur, pour son usage privé, puis la sacristie au sud de la nef. En 1897, on fit restaurer les contreforts de la tour avec de la pierre blanche d'Elnes et la chaux de Fruges.

L'église fut plusieurs fois restaurée au XXe siècle. D'octobre à décembre 1948, la toiture fut réparée par M. Gallet de Lisbourg et son beau-frère : ils remplacèrent toutes les nochères, une demande de longue date de M. de Wailly. En 1950, la toiture de la sacristie est restaurée par des couvreurs parisiens du MRU qui remirent à neuf le chéneau. Au clocher, une grosse poutre maîtresse fut remplacée par une poutrelle en fer. Mais le 3 juillet 1950, la foudre vient abîmer tout le côté de l'église donnant vers la rue. M. de Wailly signe un contrat avec le MRU pour faire venir trois camions de bois d'échafaudage, des pièces sont hissées en haut du clocher, mais la pluie pénètre jusque dans la tribune. L'année suivante, M. Belval de Lisbourg remplace la toiture du clocher, un « travail très dangereux, très long, très coûteux ».

Le mobilier est aussi restauré en 1952 : Géry Pauchet sculpteur chez M. Lenglos à Beuvry, arrange les lambris, armoires, chaire, grave les prie-Dieu, les chaises des hommes. Puis en août 1954, Marcel Caron rénove le plafond de la sacristie qui était dans un état lamentable, surtout sous le chéneau où les lattes à nu laissaient passer le vent et la pluie. Les murs blanchis à la chaux étaient plus noirs que blancs.

Galerie

Sources et bibliographie