Église Saint-Vaast de Neuville-sous-Montreuil

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Église Saint-Vaast de Neuville-sous-Montreuil
Neuville-sous-Montreuil église.JPG
Informations
Dédicace saint Vaast
Dates de construction XVIe, XIXe siècles
Particularités
Classement
Accessibilité


L'ancienne église de Neuville datait de 1507 et se trouvait au centre du cimetière actuel. Bâtie dans le style gothique flamboyant selon un plan simple en croix latine, elle était surmontée d'un clocher-mur.

Les visites épiscopales qui se succèdent à partir du XVIIIe siècle dénoncent le manque d'assiduité et d'intérêt des paroissiens à l'égard de leur église. En 1715, l'archidiacre François Abot rapporte que la cure procure peu de revenus et que les paroissiens sont durs et peu curieux de leur église. Le rapport du curé François-Alexandre de Halluin en 1725 dénombre 400 communiants dont plusieurs n'avaient pas fait leur devoir pascal. Vers 1756, le prêtre François Debray remarque le mauvais état du presbytère et impose la nécessité de fermer les cabarets les jours de messe.

Pendant la Révolution Française, les Neuvillois sont sensibles aux idées de la jeune République. Le procureur Josse Serret ordonne de vendre les vases sacrés. Le sanctuaire est rebaptisé temple de la liberté.

Deux églises paroissiales

Après le Concordat, les paroissiens se réapproprient leur église. Josse Serret devenu maire fait voter un crédit par le conseil communal pour racheter des objets de culte et faire restaurer l'édifice. En 1843, il est en si mauvais état que la municipalité interdit de faire sonner les cloches de peur d'un effondrement. Devant l'insistance de la fabrique et du curé qui réclament la destruction de la nef, le conseil municipal décide d'entamer des travaux de restauration. Le chantier est confié à l'architecte hesdinois Clovis Normand en 1859. Son projet est vivement critiqué par l'autorité préfectorale et l'entrepreneur en charge des travaux. On reproche à l'architecte débutant l'exiguïté du clocher.

Le 1er août 1888, Alphonse Grésy est nommé curé de Neuville. Il demande la construction d'une nouvelle église vingt ans à peine après la coûteuse restauration du sanctuaire primitif. Il parvient à faire intégralement financer le projet de construction par l'ordre des Chartreux particulièrement attaché au village. Le 23 avril 1899, le chanoine Queste bénit la première pierre du nouvel édifice également dû à Clovis Normand. L'église est bénie le 11 août 1901 par Monseigneur Williez, évêque d'Arras, deux mois avant la fermeture de la chartreuse Notre-Dame-des-Prés.

Une destruction controversée

Fier de sa nouvelle église, le conseil municipal de Neuville demande avec insistance l'autorisation de détruire l'ancien édifice paroissial. Le 11 juillet 1920, la Commission départementale des Monuments historiques, devant la menace de disparition, propose sa protection au titre des Monuments historiques. Un an plus tard, le ministre réitère l'offre de classement assortie d'une subvention pour la transformation de l’église en mémorial en souvenir des victimes de la Première Guerre mondiale. Devant le refus du conseil municipal, la commission renonce. Le 27 juillet 1925, la vieille église de Neuville est détruite pour une somme identique à celle qui aurait été nécessaire à sa sauvegarde.

Une église néogothique

Cette construction en craie locale s'inspire de l'architecture du XIIIe siècle. Son plan se compose d'une nef de quatre travées doublée de bas-côtés, d'un transept saillant et d'un chœur à trois pans flanqué de deux chapelles et de deux sacristies. Précédé d'un perron de 18 marches, le portail s'inscrit dans une tour rectangulaire. Il est couronné d'un fronton triangulaire dont les rampants sont ornés de crosses végétales et le sommet coiffé d'un acrotère.

À l'intérieur, les voûtes d'ogives en brique creuse reposent sur des colonnes à chapiteaux ornés de crochets. L'ornementation sobre met en valeur les vastes proportions. Le mobilier est des plus stricts. Maître-autel, chaire et lambris du chœur ont été exécutés à la demande des Duval de Conteval, généreux paroissiens, par les frères Duthoit d'Abbeville. Les stalles et le confessionnal sont issus de l'atelier de Jean-Baptiste Durant, sculpteur local. Deux statues du XIXe siècle, saint Stanislas Koska et saint Louis de Gonzague, complètent l'inventaire. Les verrières, provenant des ateliers Bazin-Latteux, ont été offertes par les frères chartreux et quelques familles de Neuville.

La dernière œuvre de Clovis Normand

L'église de Neuville, une de ses toutes dernières constructions, est révélatrice de la maturité de l'œuvre de Clovis Normand. Le décor et le mobilier en parfaite harmonie en font un bon exemple de l'art néogothique en vogue à la fin du XIXe siècle et une réalisation véritablement aboutie.

Galerie

Sources et bibliographie