André Déprez (1839-1900)

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État civil

André Louis Déprez est né le 23 juin 1839 à Harnes, fils de Louis Déprez (marchand de lin, adjoint au maire) et d'Augustine Gérard. Mort le 15 mars 1900 à Paris.

Parcours professionnel

Parcours politique

  • Entré au Conseil d'arrondissement de Béthune en 1870 (il en fut secrétaire durant sept ans).
  • Maire d'Harnes à partir de 1889.
  • Conseiller général du canton de Lens à partir de 1877 ; Vice-président du Conseil général du Pas-de-Calais.
  • Sénateur (1891-1900).
  • Député du Pas-de-Calais (1881 à 1885 et 1889 à 1891). Membre de diverses Commissions à la Chambre des Députés, il s'occupa spécialement des questions agricoles et des questions ouvrières.

Distinction honorifique

  • Chevalier de la Légion d'honneur en qualité de vice-président du Conseil général (par décret du 30 juin 1889 sur rapport du ministre de l’Intérieur).

Éloges funèbres

  • Son éloge funèbre, prononcée à la tribune du Sénat par le président Fallières :

« À la Chambre, M. Deprez a livré des combats heureux en faveur de l'industrie sucrière. Cette industrie n'oubliera pas, dans sa reconnaissance, qu'il fut de ceux qui l'ont le plus utilement servie. Dans une lutte mémorable, il déploya autant d'habileté que de conscience pour amener le Parlement, sollicité par de si respectables intérêts, à faire œuvre de prévoyante sagesse en protégeant notre grande industrie de la région du Nord contre la concurrence étrangère et en permettant ainsi de ne pas voir réduites à la misère des populations laborieuses et dévouées qui, à toutes les époques de notre histoire, ont donné tant de preuves éclatantes de leur attachement à la patrie. M. Deprez parlait en expert la langue des affaires. Sa parole en avait le nerf et la simplicité. Il dédaignait les fins ornements de la rhétorique. Il savait animer les discussions les plus arides et, aux séductions du sentiment, il opposait, à propos, l'irrésistible éloquence des chiffres... Au Sénat, on a pu particulièrement apprécier ce qu'il y avait en lui de connaissances pratiques et d'élans généreux dans la Commission qui a eu à s'occuper du travail des enfants, des fils de mineurs, et des femmes, dans les établissements industriels. C'était un républicain résolu, éclairé, incapable de faiblesse ou de transaction en face du devoir. »

« Je ne puis me défendre, devant cette tombe, d’un rapprochement qui s’impose à la mémoire de tous ceux d’entre nous qui avaient âge d’homme en 1877. Il y a 23 ans, nous étions à Bully-Grenay. C’était comme aujourd’hui vers la fin de l’hiver, dans cette saison traîtresse où la mort précipite ses coups, comme si elle avait hâte d’avoir son compte de victimes avant que le soleil ramène le triomphe de la vie dans la nature ; dans cette saison où ceux que nous aimions le plus, dont nous avions le plus besoin, qui nous donnaient les plus robustes espérances, succombent comme foudroyés. Nous suivions comme aujourd’hui, avec tout le canton de Lens, le convoi funèbre d’un homme qui était le représentant de ce canton, à la fois au Conseil général et au Parlement. Comme aujourd’hui, l’église et le cimetière n’étaient pas assez vastes pour contenir la foule immense accourue pour remplir ce pieux devoir, avec cet empressement, avec cette promptitude à l’émotion qui se rencontre toujours dans les grandes agglomérations de travailleurs autour d’un deuil public. Ce jour-là, c’était M. Déprez qui se faisait l’interprète du canton de Lens, qui rappelait les éminents services du défunt et qui, en affirmant avec la chaleur oratoire qui lui était particulière la foi politique de François Brasme, semblait la professer aussi lui-même et promettre aux populations de ce canton un défenseur aussi énergique, aussi ardemment dévoué aux institutions républicaines que celui qu’elles venaient de perdre.

M. Déprez a tenu parole. Cet héritage de Brasme, qui eût été si redoutable pour tout autre, il l’a porté pendant vingt-trois ans sans faiblir et sans qu’aucune apparence de fatigue nous fît présager un terme si proche. Il n’eût pas été de cette région si laborieuse, s’il avait pensé qu’il peut suffire à la République d’abriter le sommeil d’un peuple. Il pensait au contraire, que c’est l’honneur et la raison d’être de la République de permettre, d’encourager, de provoquer le progrès dans toutes les directions de l’activité humaine, dans l’agriculture, dans l’industrie, dans les institutions politiques et sociales. Il a été à la Chambre l’un des fondateurs du groupe agricole ; il a donné l’impulsion l’un des premiers à ce mouvement en avant de la région du Nord qui s’est armée, qui s’est agitée pour faire prévaloir ses revendications économiques, pour obtenir des pouvoirs publics de meilleurs conditions de travail. Vous savez qu’elle a été, à diverses reprises, la part prépondérante de M. Déprez dans la préparation des mesures protectrices de l’industrie sucrière. Vous savez avec quelle ténacité il s’est attaché aux grands projets de travaux publics intéressants notre région et, en dernier lieu, au réseau des tramways de l’arrondissement de Béthune et à ce grande Canal du Nord, en faveur duquel il provoquait, il y a huit jours à peine, une si imposante manifestation.

Comme François Brasme, il a servi la République en montrant à l’agriculture et à l’industrie quel parti elles peuvent tirer du jeux de nos libres institutions. Il a encore servi la République par son affabilité à accueillir tous ceux, même les plus humbles, qui aimaient recourir à son obligeance. Alors que la population ouvrière des mines n’avait pas encore l’organisation coopérative qu’elle a aujourd’hui, il avait su gagner sa sympathie et, en l’attachant à sa personne, l’attacher davantage à la République. (…) »


Sources