Chapelle Saint-Druon de Bénifontaine

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Chapelle Saint-Druon de Bénifontaine
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Informations
Dédicace saint Druon
Dates de construction 1932
Particularités
Classement
Accessibilité privée


Historique

À Bénifontaine, on trouve dans le rue Victor Hugo une chapelle dédiée à Saint-Druon. Cette chapelle, imposante par sa taille, a été reconstruite après la première Guerre Mondiale par la municipalité qui a remployé pour son financement les indemnités de dommages de guerre de la précédente chapelle. Elle a été inaugurée en mai 1932.

Grâce à un don de terrain par la veuve Hien-Delattre, la chapelle a pu être reconstruite plus à vue (la précédente chapelle se situait rue Calmette). La chapelle est l'œuvre de l'architecte lensois Coat.


Dans son édition du 29 mai 1932, Le Grand Écho du Nord de la France propose un article sur la chapelle à l'occasion de son inauguration :

« Bénifontaine est une toute petite bourgade située à droite de la chaussée de Lens à la Bassée. Elle ne compte encore actuellement que 270 habitants environ. Elle doit son nom chantant à une fontaine sacrée. Il apparaît historiquement, pour la première fois, dans une bulle du pape Eugène III qui, en 1145, confirme à l'abbaye de Moreuil, la propriété de l'autel de Bénifontaine.

Une chapelle

Bénifontaine possédait il y a très longtemps, une église, pas bien important d'ailleurs, qui fut détruite par les Flamands au commencement du XIVe siècle. Les habitants de Bénifontaine étaient très pieux, puisque déjà en 1214, ils avaient cédé à l'abbaye d'Annay, leur droit de commune sur certaines portions de marée et de pâtures, pour profiter des prières de ce couvent.

La disparition de leur église leur fut sensible. Et ils s'employèrent à trouver les fonds nécessaires à sa reconstruction. Celle-ci ne put avoir lieu qu'en fin du XVe siècle.

Au cours de la Révolution, le nouveau bâtiment fut dépouillé et abandonné. Il se trouvait dans un tel état déplorable, qu'en 1802, Monseigneur de la Tour d'Auvergne Launageais, évêque d'Arras, en ordonna la fermeture. Il tomba en ruines, fut vendu puis démoli si complètement qu'il n'en reste aujourd'hui aucun vestige. Les fidèles devinrent tributaires de la paroisse de Wingles, et, après le concordat, de celle d'Hulluch.

Néanmoins, ils firent construire dans leur village, une chapelle en l'honneur de Notre-Dame-de-Bon-Secours et dédiée à Saint-Druon. Elle fut frappée par la foudre en 1726, et bientôt restaurée. Cette chapelle se trouvait tout au bout du village, et ne servait qu'exceptionnellement au service du culte.

Après la guerre

Après la guerre 1914-1918, les habitants de Bénifontaine continuèrent à se rendre à l'église d'Hulluch. La municipalité ayant touché quelques dommages de guerre pour l'ancienne chapelle, résolut d'en construire une nouvelle. La modicité de la somme attribuée ne permettait pas d'avoir de grands projets. D'autre part, les fonds municipaux étant très réduit (en raison du peu de contribuables), il fallait chercher dans la simplicité, le minimum de frais d'entretien.

M. Coat, architecte à Lens, fut chargé du travail. Il s'en tira à son honneur. Grâce à un don, la chapelle a pu être édifiée à proximité de la route, en plein village. Le style est moderne. Les murs à l'intérieur et à l'extérieur, sont enduits de ciment-pierre. Il n'y a pas de toiture, ni de gouttière, qui peuvent par la suite nécessiter des réparations mais une coupole dallée de pavés de verre donnant une lumière intense, et faisant ressortir les riches tonalités du vitrail Saint-Druon gardant ses moutons.

La nouvelle chapelle porte l'inscription : « Saint-Druon ». Il nous a paru bon de rechercher la légende de ce saint éminemment local, puisqu'il est né au hameau d'Épinoy, prés de Carvin. Elle est délicieuse et empreinte de cette fraîcheur puérile qui fait le charme des histoires du passé.

Saint Druon

Druon naquit en 1118, au hameau d'Épinoy, à l'endroit où se trouve encore une maison portant le nom de ferme Saint-Druon. Sa mère mourut en le mettant au monde. Plus tard, il crut être responsable de cette mort, et dès l'âge de 10 ans, il soumit son corps à des châtiments rigoureux. Quand il fut un peu plus vieux, il distribua ses immenses richesses aux pauvres, il s'abîma dans une profonde piété.

À l'âge de 17 ans, il voulut être seul pour mieux prier. Il se vêtit d'un habit pauvre est parti au hasard, devant lui. Il arriva dans la bourgade de Sebourg, à 13 kilomètres de Valenciennes, et s'engagea comme berger chez la veuve Élisabeth le Haire. On lui confia bientôt tous les moutons du village. Il s'isolait dans les vallons et élever son âme. Il avait souvent la messe. Alors, dit la légende, des anges descendaient du ciel et garder les moutons. Ce don d'ubiquité de Saint-Druon a donné naissance à un dicton fort répandu dans le Cambraisis : « on ne peut mie faire comme Saint-Druon, sonné la messe, et être à la procession ». On le considérait déjà comme un saint. Mécontent, il est parti à Rome, à pied. Ce voyage devait lui plaire, car il le fit neuf fois. Quand il revint à Sebourg pour la dernière fois, ce il était atteint d'une grave maladie d'intestins. Dès lors, dans l'impossibilité de marché, il se retira dans une cabane adossée au mur de l'église, et vécu 40 ans en dans l'austérité la plus complète. Sa maladie avait empiré, la gangrène s'y était mise et dégager une odeur fétide. Malgré tout, Saint Druon était heureux et gai.

La foudre tomba sur la cabane et la détruisit. Lui n'eut rien. Ces vêtements n'étaient même pas atteints. On le retrouva au milieu des flammes, en prière. Sa baraque fut reconstruite au même endroit.

Il mourut le 16 avril 1189. Sa mort provoqua une grande désolation. Épinoy et Sebourg se disputèrent ses restes. Le corps du saint fut placé dans un magnifique cercueil, sur un carrosse richement orné et prit le chemin d'Épinoy. Mais arrivé aux dernières limites de Sebourg, le carrosse s'immobilisa et personne ne put le faire avancer. Les seigneurs d'Épinoy durent repartir sans le corps du saint que les habitants de Sebourg, heureux de l'aventure dont ils remercièrent Dieu, ramenèrent chez eux en grande pompe, et l'enterrèrent au milieu de l'église.

Les seigneurs d'Épinoy firent bon cœur contre mauvaises fortune et élevèrent au hameau natal du saint une chapelle qui existe encore aujourd'hui et qui est l'objet, tous les ans, le lundi de Pentecôte, de pieux pèlerinages.

Saint-Druon est invoqué par les croyants pour les maladies d'intestins, ruptures, gravelles, etc. On le prie encore pour préserver les bestiaux des épidémies.

Sur les vitraux ou en statue, Saint-Druon est toujours représenté avec un ou plusieurs moutons »

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Sources

  • Le Grand Écho du Nord de la France, 29 mai 1932.
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