Conférence d'Antoine Pierru sur les paroisses d'Avion et Boubers-sur-Canche pendant la Grande Guerre
Sommaire
Texte de l'abbé Pierru
Introduction
La guerre, pour moi, se divise en trois chapitres.
1. Avion, où la déclaration de guerre vient me surprendre et où j’étais vicaire depuis 1910.
2. Boubers-sur-Canche, où je fus curé intérimaire de décembre 1914 à mai 1917.
3. Ma vie militaire, de mai 1917 à ma démobilisation (mars 19).
Avion
Je confessais le samedi quand tout à coup j'entends le crieur public annoncer la mobilisation. Tout le monde était sur ses portes, malgré la gravité de l'heure tout le monde paraissait heureux et les langues marchaient : « Enfin, on va y aller, à Berlin ! ». C’était le cri général et déjà on échafaudait tout un plan de bataille ; on allait faire ceci, faire cela, avoir à nos côtés ceux-ci et ceux-là et, en quelques semaines, on allait débarquer dans la capitale de l’empire allemand, une fleur au ceinturon et la chanson sur les lèvres.
- Quand partez-vous ?
Hélas, je ne savais pas, j’étais réformé et j’en étais presque honteux. Le dimanche, à 4 heures du matin, nous étions au confessionnal : les officiers de réserve et ceux qui partaient à la première heure désiraient communier avant de partir. Ce jour-là, affluence aux messes. L’après-midi se passa au confessionnal et le lendemain communion de ceux qui devaient partir ce lundi, et ils étaient nombreux : tous les jeunes du Cercle partaient ce jour-là et ce fut avec un serrement au cœur qu’après la messe nous les quittâmes.
Au point de vue religieux, les premiers mois furent admirables. Des personnes qui ne venaient jamais à l’église étaient très assidues aux messes du matin et aux saluts que nous chantions tous les soirs. Le patriotisme débordait aussi ; on envahissait l'Alsace et la Lorraine et les drapeaux apparaissaient aux fenêtres. Il était même bizarre de constater, dans ce milieu gagné par des idées socialistes, un tel réveil religieux et patriotique : la surface seulement était gagnée par ces fausses idées mais le fond, c’était encore le vieux fond français, tout pétri de foi et de patriotisme.
Au numéro 4 des mines de Liévin, dans le carreau de la fosse, on créa une ambulance qui fut dirigée par monsieur le docteur Razemon et on n’eut pas de mal à avoir une infirmière (toutes les jeunes filles et en particulier les Enfants de Marie voulaient l’être). On dut même refuser des lits. Cette ambulance ne commença guère de fonctionner qu’au début d’octobre et elle fut vite insuffisante comme nous le verrons plus loin.
J’étais seul vicaire (monsieur l’abbé Fatien était parti comme aumônier volontaire à la suite du 233e).
Vers la fin août, les mauvaises nouvelles commencèrent à circuler : les Allemands avaient déjà franchi la Belgique et envahissaient le Nord de la France. Une patrouille ennemie était venue à Lens et avait même poussé jusqu'à Avion ; et un dimanche des soldats boches logeaient à Lens. La tristesse et l’abattement commençaient à se faire sentir et on se disputait les journaux pour connaître les nouvelles. Hélas, on reculait toujours. Et puis pas de lettre des soldats : la poste était partie : la situation devenait inquiétante et les drapeaux qui quelques jours auparavant claquaient au vent rentraient un à un.
Puis c’est la bataille de la Marne et à la mort succède la vie : vite, les drapeaux sortent de nouveau et on commence à revoir des visages épanouis. Mais bientôt c’est la course à la mer et des soldats français commencent à arriver dans nos régions : ils sont fêtés, et choyés : vins, tabacs, cigares, tout est distribué à profusion.
Trois septembre : on commence à entendre le canon. Il se rapproche de plus en plus. Le mercredi 30 septembre arriva un régiment de petits chasseurs à pied, le 42e. Il vient d'Alsace où il n’a guère souffert. Il cantonne à Avion et le lendemain il se dirige vers Rouvroy et Izel-lès-Équerchin. Le jeudi, des habitants d'Izel commencent à arriver : les Allemands sont chez eux. Est-ce possible ? On les reçoit du mieux que l’on peut et moi-même je sers la soupe à toute une famille. Le soir, les petits chasseurs commencent à arriver, blessés. Le vendredi, nouveaux évacués ; ils viennent de Fresnoy et d'Arleux ; mais c’est bien près d’Avion et, en effet, la canon approche. Le soir, de nombreux chasseurs et fantassins arrivent à l’ambulance ; quelques-uns sont grièvement blessés. Je m’y rends immédiatement. Je passe ma nuit avec le monsieur docteur Razemon, à soigner et à administrer les blessés : on était débordés, il y en avait partout et il en arrivait toujours et pendant qu’un seul docteur suait à soigner et à panser des centaines de blessés, les majors, paraît-il, faisaient ripaille dans un café voisin. C’est le bruit qui a couru à Avion. J’aime à croire qu’il n’est pas vrai.
Le samedi, je vois arriver le vicaire de Rouvroy. Les Allemands y sont. L’après-midi, je vais à l’ambulance et monte dans les corons et là, je vois entre Méricourt et Avion l’artillerie française (75) qui tire dans la direction de Méricourt. Je retourne et rencontre un capitaine de chasseurs qui, blessé la veille au bras droit, vient voir ce qui se passe.
- Êtes-vous mobilisable, monsieur l’abbé ?
- Oui, mon capitaine, je dois passer le conseil bientôt.
- Eh bien partez, car ça ne va pas et il nous faudra reculer encore. Nous ne sommes pas en force.
Depuis le midi, l’exode d'Avion commençait. Je retourne chez moi ; monsieur le curé était sur le pas de ma porte.
- Partez-vous ? me dit-il.
- Je ne sais pas, j’attends vos ordres.
- Beaucoup sont partis ; je suis curé, je reste. Partez aussi.
Je ne pouvais me décider à partir. Vers 6 h 1/2, un fracas épouvantable : c’est un obus qui a démoli le chevalet du chevalet du n° 13 de Courrières. Quelques instants après des obus sifflent au-dessus de nos têtes. Ce sont les 75 qui ont reculé encore et qui, installés sur la grand-route d’Arras, tirent au-dessus d'Avion. Monsieur le curé me presse : - Il est temps de partir. Et je pars. Sur la route, je rencontre des personnes qui, elles aussi, s’en vont. Je n’ai pas besoin de décrire la tristesse de cette fuite. J’arrive après bien des détours à Liévin et je frappe à la porte du vicaire, monsieur l’abbé Thellier, qui seul n’est pas mobilisé, et je lui demande le gîte pour la nuit et le couvert pour tout de suite car j’ai faim. J’ai l’accueil le plus aimable et, restauré, je vais me coucher, croyant faire une bonne nuit : la cavalerie qui passe, qui passe, qui passe m’empêche de fermer l’œil. Le dimanche, je dis ma messe à l’église de Liévin et je me demande ce que je vais faire. Le bruit de la bataille qui se rapproche me rappelle à la réalité et, vers 11 h, je quitte Liévin pour… à la grâce de Dieu.
À 2 h, j’arrive à Ablain-Saint-Nazaire ; je frappe à la porte de monsieur le curé et j’y rencontre monsieur l’abbé Albert, curé d’Arleux, qui vient d’arriver. Monsieur l’abbé Delétoile, vicaire de Rouvroy est avec moi. Nous faisons honneur à la table de monsieur le curé : la fatigue et les émotions nous donne faim.
À 6 h du soir, nous montons à la chapelle N.-D. de Lorette y chanter le salut. C’est le dernier qui fut chanté. On demande la protection de la sainte Vierge et vraiment le spectacle que l’on voit du haut de la colline est effrayant et grandiose. Tout le tour de la colline, on voit comme des centaines d’étoiles filantes qui trouent l’horizon : ceux sont les canons boches qui tirent et les français, en trop petit nombre, qui répondent. Dans le lointain, on voit l’incendie de Pont-à-Vendin et un immense nuage de fumée noire obscurcit encore la nuit qui tombe.
À 10 h on se couche. À 10 h 1/2, un violent coup de poing dans la porte du presbytère : - Est-ce que monsieur le vicaire d’Avion est là ?
- Oui, répond monsieur le curé d'Arleux.
- Dites-lui de partir tout de suite. Les Allemands font une contre-attaque et ils sont déjà à la sucrerie de Souchez.
C’était un homme d'Avion qui venait m’avertir. Je ne me le fais pas dire deux fois et nous nous retrouvons quelques secondes après dans l’escalier, monsieur l’abbé Albert, le vicaire de Rouvroy et moi ; et nous quittons le presbytère si hospitalier d'Ablain-Saint-Nazaire sans même remercier monsieur le curé. Il était temps ! car les Boches poussent déjà des hourras qui se rapprochent de plus en plus et les mitrailleuses crachent.
À 1 h du matin, nous arrivons à Aubigny. Nous tombons en extase, au clair de lune, devant une automitrailleuse française. Elle s’en va à Izel-lès-Hameaux et le conducteur, un maréchal des logis, nous invite à monter. Il nous débarque à […] vers 1 h ¼ du matin, juste en face du presbytère. Nous tenons conseil. Que faire ? Nous sommes exténués de fatigue et nous nous décidons de frapper à la porte de monsieur le curé pour lui demander une chaise pour finir la nuit. Nous frappons : la servante paraît à la fenêtre. Elle nous fait subir un interrogatoire en règle, va porter les réponse à monsieur le curé et revient encore avec de nouvelles questions.
- Qui est-ce qui est curé ici ? nous demande-telle.
Nous voilà bien embarrassés. Je me souviens que monsieur [..] a été curé à [..] et, ne sachant pas s’il y est encore, je réponds : - Monsieur [..]. Une minute de silence. Elle retourne aux informations et -Monsieur le curé me charge de vous dire que si vous étiez des prêtres, vous auriez un ordo pour dire votre bréviaire et votre messe et dans l’ordo se trouve les noms des curés. Ce n’est pas Monsieur [..] qui est curé ici.
Elle ne nous dit pas que nous sommes des voleurs ou des espions mais… nous ne discutons pas et nous continuons notre route.
Vers 4 h du matin, nous nous séparons. Monsieur Albert et M. Delétoile se dirige vers Saint-Pol et je mets le cap sur Frévent pour retrouver mes parents qui se trouvent à Fortel et les rassurer. Vers 7 ½ j’arrive à Frévent et frappe à la porte de monsieur le curé de Saint-Hilaire qui me reçoit très cordialement et me restaure très copieusement. Puis monsieur Wyart cherche une voiture pour me faire conduire à Fortel, car mes jambes n’en peuvent plus et, vers 10 h ½ j’arrive à Fortel et j’y reste jusqu'à la fin octobre.
Les évacués doivent quitter l’arrondissement de Saint-Pol et je m’en vais à Boulogne-sur-Mer.
Le 21 novembre, je passe le conseil : je suis maintenu réformé et, de nouveau en fraude, je pars à Fortel.
Le poste de Boubers-sur-Canche est vacant. Je m’y installe comme curé intérimaire, heureux de trouver un petit village et en ayant assez de cette vie de bohème.
Boubers-sur-Canche
J’y reste depuis le début de décembre 1914 à fin mai 1917. L’élan religieux est déjà passé, la guerre dure trop longtemps ; les ouvriers sont partis et les femmes presque partout restent seules pour assurer le fonctionnement et le travail de la ferme. Quant aux débitants, ils sont trop intéressés servir les soldats et drainer leur argent. Quant aux hommes qui ne sont pas mobilisés, leur foi est quasi morte et la guerre ne les touche pas, au contraire : elle est pour tous une source de profits.
Rien de bien intéressant à noter pendant mon séjour dans cette paroisse sauf
1. Cantonnement des troupes. La paroisse se trouvait sur le parcours de la Canche. Nous avons eu, au début, de la cavalerie. Bon esprit chez les officiers et chez les soldats. Nombreuses assistances aux offices et, de plus, nombreuses communions. A noter :
a. la messe de minuit de 1914 où il y eut foule. Le général et son état-major étaient dans les stalles ;
b. le baptême d’un soldat parisien ;
c. la présence du soldat Lyautey, frère du général, et du capitaine Gouraud, puis, depuis, frère du général, ce dernier foncièrement chrétien et communiant tous les jours.
Après, nous eûmes de l’infanterie et, hélas, ce n’était pas la même éducation ; j’ai rencontré cependant beaucoup de bonnes âmes. Les Anglais vinrent ensuite et, au point de vue religieux, ce fut nul ou presque nul ; quelques paroissiens même délaissèrent l’église : il y avait trop d’argent à gagner.
2. Présence d’aumôniers. Plusieurs aumôniers séjournèrent à Boubers et à Ligny. Je n’eus qu’à me louer d’eux : ils étaient très dévoués, malheureusement, ils se croyaient maître partout. L’un d’eux usa à profusion de cires et de bougies en illuminations sans aucune autorisation et un autre laissa la sacristie dans un désordre complet.
3. Ambulance 13/12. Cette ambulance arriva à Boubers le dimanche des Rameaux 1915 et y resta jusqu’à mardi gras 1916. Elle était installée dans l’usine de monsieur Luglien-Leroy et comprenait 80 lits environ. J’en fus aumônier. Il n’y eut que de grands blessés : 74 soldats y moururent. 72 furent enterrés à l’église + 1 protestant + 1 musulman. Presque tous furent administrés en pleine connaissance avant de mourir. Trois ou quatre seulement moururent sans le secours de la religion par surprise. Plusieurs mouraient saintement. Les enterrements se faisaient à 8 h après la messe et la maîtrise des jeunes filles y chantait toujours. J’annonçais les services la veille à la prière du soir et l’assistance y était toujours nombreuse. De plus, les tombes étaient et sont encore entretenues par les fidèles de Boubers. Chaque famille a sa tombe, l’orne de fleurs et va y prier.
Onze prêtres faisaient partie de cette ambulance. Ils firent toute l’édification de la paroisse et m’aidèrent beaucoup à assurer mon ministère. Ils étaient des diocèses de Périgueux, d’Angoulême et de Limoges.
Ambulances anglaises. Deux ambulances s’y succédèrent ; l’une resta très peu de temps et l’autre avait un aumônier catholique romain. Je n’ai pas de détails concernant ces ambulances.
4. Messe du souvenir français. Au mois de novembre 1916 eut lieu une messe commandée par le Souvenir français. Église très bien ornée. Auprès du catafalque orné de drapeaux tricolores se trouvait la statue de Jeanne d’Arc, le regard tourné vers le catafalque : elle semblait veiller sur nos morts. Beau panégyrique de monsieur le chanoine Legru. Très nombreuses assistance.
5. En mars 1915, monsieur le curé de Fortel ayant été mobilisé, je dus m’occuper aussi, en plus des paroisses de Boubers et Ligny et de l’ambulance 13/12, des paroisses de Fortel Vacquerie et Boffles, et cette situation dura jusqu’en août 1916, époque à laquelle monsieur le curé de Fortel fut démobilisé, ayant été réformé temporairement.
Ma vie militaire
Le 19 mars 1917, je fus déclaré bon pour le service armé et le 23 mai je partais pour Saint-Astier, ayant été affecté au 73e d’infanterie. j’y ai rencontré monsieur l’abbé Boniface, curé de Sus-Saint-Léger, tué à l’ennemi, et M. l’abbé Leroy, curé de Pierremont.
Fin mai, je partais au camp de La Courtine pour faire mon instruction militaire. Ce fut le moment le plus pénible pour nous prêtres (nous étions une quinzaine). Impossible d’y célébrer la messe, le camp étant trop loin de l’église et le service commençant tôt. Le dimanche seul nous étions libres. Monsieur le curé fuit peu aimable et ne faisait rien pour des prêtres soldats ; il est vrai que nous étions trop nombreux. Un lieutenant, père dominicain, nous réunit un dimanche et nous fit une petite conférence très à propos sur l’apostolat du prêtre soldat.
Le 17 juin, nous arrivions à Roumazières, dans la Charente, le camp de la Courtine étant réservé aux Russes. Nous étions nombreux du diocèse d'Arras. MM. Konincq, tué à l’ennemi, Boniface, curé de Sus-Saint-Léger, tué également, Bourgain Joseph, curé d'Enquin, Coquerel, curé d'Acq, Miseron, vicaire de la cathédrale, Bourdrel Lucien, Balza, Lemaire Émile, Hérenguel, professeur + 1 prêtre de Limoges + 2 d’Angoulême + 2 de la Creuse + 1 de Périgueux.
Nous étions chargés de la paroisse : il n’y avait pas de curé. L’abbé Koninck s’occupa des catéchismes, l’abbé Lemaire de la prédication et moi du chant.
Nous nous réunissions tous les soirs à l’église pour la visite au Saint sacrement, le chapelet et la prière du soir. Quelques soldats se joignaient à nous. Il y avait 3 autels à l’église et ceux qui cantonnaient dans les environs de l’église y célébraient la messe. Les autres célébraient soit à l’usine Ravoux, soit chez le pharmacien de l’endroit qui avait mis une chambre à notre disposition. Les soldats venaient assez nombreux aux offices, surtout ceux du Nord, mais les indigène ne venaient guère : la foi n’existe ainsi dire pas et, malheureusement, les évacués, des Belges en particulier, prirent vite les habitudes des gens de Roumazières.
En janvier, tout le monde se sépara et, versé auxiliaire, je restais seul à Roumazières, où se formait un centre de rééducation physique et militaire.
Je fus employé au bureau de comptabilité et, entre-temps, je m’occupais de la paroisse avec M. l’abbé Pruvost, de Bourbourg, qui arriva en février 1918 et qui travailla beaucoup à l’évangélisation de la paroisse et surtout des petits enfants. On parlera encore longtemps de lui à Roumazières. À la Péruse, paroisse voisine, se trouvait aussi un prêtre soldat.
Mais les soldats qui passait au CRPM ne valaient pas, au point de vue religieux, les récupérés de 1917. Cependant quelques-uns furent excellents et même très édifiants. Les réunions du soir à l’église continuèrent toujours.
En mars 1919, je quittais Roumazières pour me faire démobiliser.
Comme prêtres soldats, une revue nous a fait beaucoup de bien, Prêtre aux armées, et nous avons été très heureux du Bréviaire visuel de la Bonne Presse. Certains prêtres et beaucoup de séminaristes recevaient régulièrement de leur diocèse ou de leurs supérieurs une petite revue faite spécialement pour eux : c’est ce qui nous a manqué le plus à nous, prêtres du diocèse d'Arras ; mais il y avait de grandes difficultés à faire paraître ce bulletin car le diocèse a eu beaucoup à souffrir, étant sur la ligne de feu.
Signé A. Pierru
Sources
- Archives diocésaines du Pas-de-Calais, 6 V.