Famille de Créquy

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L’une des familles plus illustres de France, les Créquy sont, dit-on, de noblesse immémoriale. Une tradition généalogique, établie peut-être au temps de la Toison d’Or, mais étayée par les multiples travaux du XVIIe siècle qui vont de Pierre d’Hozier au père Anselme, veut bien leur accorder une origine en un Arnoul le Vieil ou le Barbu, vivant au milieu du IXe siècle, à l’époque carolingienne . Belle histoire, empreinte de légende, dont n’était pas dupe un dom Grenier à la fin du XVIIIe siècle. Celui-ci considérait comme fables la généalogie antérieure au XIIe siècle . C’est à partir de Baudouin de Créquy, mort vers 1200, écrivait-il, qu’on peut établir une filiation assurée, à partir des données de la Chronique de Baudouin d’Avesnes . Les historiens et généalogistes du début du XXIe siècle ne sont guère mieux lotis. Si des Créquy, apparaissent dans la documentation dès le début du XIIe siècle, ce n’est pas avant 1200 que la filiation devient certaine. , du moins si on se réfère à la saine méthode en usage habituellement en généalogie médiévale . Les Créquy tirent leur origine du village de ce nom, sis à la source de la vallée de la Créquoise, dans ce qui fut jadis le comté de Saint-Pol. Leur puissance – sans doute leur mouvance, telle qu’elle apparaît dans un document daté de 1393 – s’étend principalement sur les hautes vallées de la Planquette et de la Créquoise (Créquy, Fressin), deux modestes affluents de la Canche . Ils semblent dès l’origine constituer un lignage important, peu connu cependant du fait des pertes archivistiques . L’un deux, Rainelme/Ramelin figure parmi les fondateurs de l’abbaye de Ruisseauville qui sera le premier ( ?) lieu de sépulture de la famille . Peut-être dès le XIIe siècle, sont-ils alliés aux familles installés sur Beaurain ? Quand à la fin du siècle, Baudouin de Créquy, allié aux grands lignages de la contrée , apparaît dans le sillage des comtes de Saint-Pol, c’est en position éminente ; il est un de ces chevaliers bannerets, qualifié d’homme noble, qu’on peut orner du titre de baron. Signe de leur puissance, les Créquy disposent alors d’un site fortifié de belle apparence .

Au XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, les Créquy s’inscrivent plus largement dans la mouvance des comtes de Saint-Pol, dont ils font partie de la pairie . Leurs alliances se dirigent alors vers les familles renommés du comté d’Amiens, tels les Picquigny, vidames d’Amiens, les Heilly, les Fosseux. Néanmoins, le patrimoine originel commence à s’effriter, pour le profit de branches cadettes qui y trouvent une part. Celles-ci s’installent sur les seigneuries secondaires dans la mouvance, à Torcy , à Sains, à Royon, à Canlers, à Wambercourt. Une habile politique matrimoniale permet parfois de caser des cadets – les Créquy-Heilly . On recherche aussi les bénéfices ecclésiastiques tout en participant à des fondations. Les Créquy favorisent de leurs dons l’abbaye de Messines, tout en y casant leurs filles. Un Enguerrand de Créquy est évêque de Cambrai entre 1272 et 1285, tandis qu’un sien neveu, Philippe, occupe alors la charge de bailli du Cambrésis. La présence des Créquy déborde aussi de la mouvance vers les secteurs « externes », notamment vers la châtellenie de Saint-Omer où ils se trouvent à Rimboval, Ledinghem et en moult autres lieux, dont la Flandre pour les Créquy-Rimboval, le Calaisis (Nortkerque) pour les Créquy-Wambercourt, le Cambrésis (Rumilly).Vers le milieu du XIVe siècle, les Créquy s’investissent plus largement en Picardie. La branche aînée hérite alors de la seigneurie importante de Canaples dont les sires reprennent généralement le nom dans leur titulature. De 1315 à 1415, les Créquy, dans leur buissonnement nombreux, sont avant tout des guerriers, dans la lignée des traditions nobiliaires d’une famille sans doute fière de ses origines . C’est à cette époque le blason se trouve complètement constitué, avec son cimier où deux cygnes embecqués tiennent un anneau, dont la symbolique se rattache au cycle des Croisades . Guerriers, les Créquy servent dans les nombreuses osts royales à la tête de leurs vassaux, comme on le voit dans les « monstres et revues » qui parsèment le siècle. Ils sont dans les guerres flamandes du début du siècle et un Jean, sire de Créquy, périt sur le champ de bataille de Courtrai en 1302. Ils paraissent encore dans diverses épisodes de la guerre de Cent ans. Un autre sire de Créquy est sans doute mort sous les murs de Calais en 1350, en attendant la funeste journée d’Azincourt où l’hécatombe touche de nombreux membres de la famille . Fidèles du roi la majeure partie du temps, ils cultivent pour certains la dissidence. Jean de Créquy s’en prend à la comtesse Mahaut d’Artois dans une des révoltes dites féodales du début du XIVe siècle. Enguerrand le Bègue guerroie auprès de Charles de Mauvais et se trouve dessaisi d’une partie de ses biens. Un autre Enguerrand, bâtard d’on ne sait qui, doit demander rémission pour avoir été fait prisonnier des Anglais et avoir été contraint ( ?) de guerroyer dans leurs rangs. Le service de roi s’exerce encore, pour certains, dans la fonction officière. Les Créquy-Rimboval recherchent au milieu du XIVe siècle les postes de baillis et exercent alors à Saint-Omer, à Cassel et à Hesdin. L’église sollicite à sa manière les cadets de la famille. On trouve un Enguerrand – qui n’est pas celui de Cambrai, comme le répètent certaines généalogies – évêque de Thérouanne de 1301 à 1330, un doyen de Cambrai à la même époque, quelques abbesses et abbés

Le lignage, nombreux dans ses diverses branches, est parfois turbulent. La branche aînée, grâce à un jeu habile de mariages tourné vers les héritages picards (Picquigny, Haverskerque, Roye), parvient à maintenir et à accroître sa richesse et ses positions. A la fin du siècle, elle reconstitue un bloc important de seigneuries dans la mouvance centrale en récupérant Sains et Wambercourt. Les branches cadettes sont plus besogneuses et les procès (ils n’épargnent pas non plus la branche aînée), assortis parfois de violence, sont alors légion, tournant autour des questions de successions, de dots quand ce n’est pas pour le simple exercice – essentiel pour la noblesse – du droit de chasse .

Au XVe siècle, les Créquy, dont les patrimoines se situent essentiellement en Artois et peut-être plus encore en Picardie, relèvent, en mouvance supérieure des ducs de Bourgogne. Ils les serviront, ce dont ils sauront tirer quelques avantages. Le plus connu est sans conteste Jean V, marié somptueusement en 1446 à Louise de la Tour, de la famille comtale de Boulogne et d’Auvergne . Il figure parmi les premières chevaliers de l’ordre de la Toison d’Or, en 1429, guerroie pour son duc – avec plus ou moins de chance –, le sert aussi dans de nombreuses ambassades. Il est chevalier parfait et participe pleinement à la vie de la cour. Il aussi mécène, amateur et connaisseur de littérature. Il fait construire, dans les années quarante, le château de Fressin et contribue à l’embellissement de l’église du même lieu, l’une des plus belles des églises rurales l’Artois rural. Un de ses fils, François, fera construire une très belle église à Douriez, dont, par mariage, il est devenu le seigneur. Quant aux branches cadettes, il ne reste plus que celle de Rimboval, implantée dans ses héritages plus picards qu’artésiens. Elle participe, avec moins d’éclat, à la même culture de guerre, de procès, sans oublier de taquiner, pour certains de ces membres, la lyre. Ajoutons aussi que les XIVe et XVe siècles voient essaimer nombre de bâtards, plus ou moins reconnus. Leurs descendances sauront proliférer en Flandre, pour les mieux attestés, et aussi en Haut-Artois.. sans doute .