Henri Gouillard

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Henri Gouillard, au moment de l’invasion, était un jeune instituteur d’Harnes, frais émoulu de l’École Normale d'Arras. Dès le début de l’Occupation, il fait partie du petit groupe d’enseignants qui fonde le journal clandestin la Raison Humaine, qui deviendra la Pensée libre, puis la Pensée française.

Militant des Jeunesses communistes, il s’engage dans la lutte armée dès l’été 1941. Ne nourrit-il pas une grande affection pour Charles Debarge, l’un des responsables départementaux de la Résistance communiste. D’ailleurs, il lui voue une admiration sans borne. Il l’accompagne dans la plupart de ses actions : c’est ainsi qu’il se trouve avec lui le 11 avril 1942, lors de l’attentat contre les sentinelles allemandes du Pont Césarine à Lens. Il l’accompagne encore du jet de grenade dans l’exposition antibolchévique de Lille, montée par une officine de collaborateurs.

Henri Gouillard est illégal depuis le début de 1942, c’est-à-dire qu’il doit vivre dans la clandestinité. Il finit par être cerné par un groupe de gendarmes français le 10 juin 1942, près de Wingles, à Hulluch, après une véritable chasse à l’homme dans les corons. Il refuse de se rendre, engage la fusillade contre ses poursuivants dans laquelle il est blessé. A court de munitions, les gendarmes le capturent.

Conduit à la gendarmerie de Lens, le commissaire Dobbelaere et son adjoint, le lieutenant Fleurose le soumettent à d’affreuses tortures, dans le but de lui faire avouer où se trouve Debarge. Il ne parle pas et est livré le lendemain à la Gestapo qui lui fait subir le même sort.

Condamné à mort le 6 octobre, il est fusillé à l’âge de vingt ans, avec trois de ses compagnons, aussi jeunes, Maurice Copin, 22 ans, relieur à Carvin, Maurice Clin, 19 ans, et Émile Lefebvre, 21 ans, tous deux mineurs à Noyelles-sous-Lens. Peu de temps avant son exécution, Henri Gouillard avait pu recevoir la visite de sa mère, qui peina à le reconnaître : il était devenu presque aveugle tant il avait été frappé, battu à coups de nerf de bœuf, à coups de talon sur la tête.

Il lui dit :

« Tout ce que je demande plus tard, c’est de me faire enterrer auprès de Debarge. C’est un saint, laisse-moi toujours auprès de lui. Mets sa photo auprès de la mienne sur la cheminée.  »

Dans sa dernière lettre d’adieu, il écrit :

«  Je suis calme, je suis conscient que c’est pour une vie meilleure que j’aurai fait ce sacrifice. Je suis communiste et fier d’être communiste. »

Sources

  • Jacques Estager, Ami entends-tu ? La Résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Messidor, Editions sociales, 1986
  • Jean-Marie Fossier, Zone interdite. Nord-Pas-de-Calais, Editions sociales,1977