Henri Luyckx (1877-1915) : Différence entre versions

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On lui décerne la médaille militaire à étoile d'argent à titre posthume en 1922.
 
On lui décerne la médaille militaire à étoile d'argent à titre posthume en 1922.
  
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==Document : Lettre à sa mère (vers 1900)==
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Les archives familiales des descendants d'Henri Luyckx conservent une lettre qu'il a envoyé à sa mère. Cette lettre manuscrite de trois pages n'est pas datée, cependant on peut la situer au début du service militaire d'Henri, à la fin de l'année 1900. En effet, Henri y fait part de son émotion après son premier exercice de tir au fusil Lebel. Nous proposons ci-dessous une transcription de cette lettre ; afin d'en faciliter la lecture, les fautes d'ortographes ont été corrigées et la ponctuation a été revisitées :
 
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Fichier:Henri Luyckx atelier.JPG|Henri dans son atelier
 
 
Fichier:Henri Luyckx lettre 1.JPG|Lettre à sa mère
 
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J’ai reçu ton paquet comme tu me l’as envoyé (un paquet de tabac, une demi-livre de chocolat, un paquet de figues, un demi pain, une boîte avec des boutons, une boite de sardines et un morceau de saucisson), qui m’a fait grand plaisir de le recevoir. Mais j’ai dû aller le chercher moi-même à la gare de Mourmelon-le-Petit qui est à trois quarts d’heures du camp, par un temps affreux. Heureusement, je n’ai pas été seul, mon camarade de lit est venu avec moi. C’est un roubaisien, aussi un ancien camarade d’école. C’est un nommé Verreist Eugène, un parent à Dufort avec lequel je suis très bien. Quand tu auras encore envie de m’envoyer un paquet, tu me l’enverras par la poste comme cela, je ne devrai pas aller le chercher si loin. Comme c’est aujourd’hui la Saint-Nicolas, tu souhaiteras bonne fête. Aujourd’hui, nous avons été pour la première fois au tir avec le terrible fusil Lebel. Nous avons tiré 6 balles à 30 mètres et j’ai fait 11 points. Tu ne saurais te figurer l’émotion que cela fait la première fois que l’on tire avec un fusil, moi, pour ma part, j’ai tremblé. Enfin, une fois le premier coup tiré, ça ne m’a plus rien fait. J’ai tiré les 5 autres balles sans que rien ne me fasse. Mais quoique l’on dise, le fusil donne tout de même un bon coup sur l’épaule.
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Enfin, nous verrons d’ici un moment, nous ferons les tirs à 200 mètres, tu ne saurais croire les précautions que l’on nous fait prendre pour aller au tir, le silence le plus grand est recommandé, puis une fois qu’on a tiré, on visite nos fusils et nos cartouchières pour voir s’il n’en reste plus. [Une fois] que tout est vérifié, l’adjudant demande au sergent s’il n’y a rien d’anormal. Le sergent répond rien de nouveau, puis on se remet en marche, enfin je n’ai plus rien à te dire. Tu embrasseras bien mes petits frères pour moi, comme je t’embrasse moi-même.
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Ton fils qui t’aime pour la vie.
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Henri Luyckx
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Fichier:Henri Luyckx 2.JPG|Avec ses camarades de régiment
 
Fichier:Henri Luyckx 2.JPG|Avec ses camarades de régiment
 
Fichier:Henri Luyckx citation.JPG|Attribution de la médaille militaire
 
Fichier:Henri Luyckx citation.JPG|Attribution de la médaille militaire

Version du 6 avril 2013 à 21:48

Portrait d'Henri Luyckx

Son parcours

Henri Luyckx est né le 31 décembre 1877 à Roubaix (Nord), fils de Pierre Philippe Luyckx et de Sophie Germain. Il était tisserand. Il fut domicilié successivement à Roubaix et Wattrelos.

Soldat de 2e classe au 243e régiment d'infanterie. Classe 1899, matricule 5711 au recrutement de Lille.

Mort pour la France le 10 juin 1915 à la bataille d'Hébuterne[1], tué à l’ennemi. Transcription de l’acte à Roubaix le 11 février 1921.

On lui décerne la médaille militaire à étoile d'argent à titre posthume en 1922.

Document : Lettre à sa mère (vers 1900)

Les archives familiales des descendants d'Henri Luyckx conservent une lettre qu'il a envoyé à sa mère. Cette lettre manuscrite de trois pages n'est pas datée, cependant on peut la situer au début du service militaire d'Henri, à la fin de l'année 1900. En effet, Henri y fait part de son émotion après son premier exercice de tir au fusil Lebel. Nous proposons ci-dessous une transcription de cette lettre ; afin d'en faciliter la lecture, les fautes d'ortographes ont été corrigées et la ponctuation a été revisitées :

« Ma chère mère,

J’ai reçu ton paquet comme tu me l’as envoyé (un paquet de tabac, une demi-livre de chocolat, un paquet de figues, un demi pain, une boîte avec des boutons, une boite de sardines et un morceau de saucisson), qui m’a fait grand plaisir de le recevoir. Mais j’ai dû aller le chercher moi-même à la gare de Mourmelon-le-Petit qui est à trois quarts d’heures du camp, par un temps affreux. Heureusement, je n’ai pas été seul, mon camarade de lit est venu avec moi. C’est un roubaisien, aussi un ancien camarade d’école. C’est un nommé Verreist Eugène, un parent à Dufort avec lequel je suis très bien. Quand tu auras encore envie de m’envoyer un paquet, tu me l’enverras par la poste comme cela, je ne devrai pas aller le chercher si loin. Comme c’est aujourd’hui la Saint-Nicolas, tu souhaiteras bonne fête. Aujourd’hui, nous avons été pour la première fois au tir avec le terrible fusil Lebel. Nous avons tiré 6 balles à 30 mètres et j’ai fait 11 points. Tu ne saurais te figurer l’émotion que cela fait la première fois que l’on tire avec un fusil, moi, pour ma part, j’ai tremblé. Enfin, une fois le premier coup tiré, ça ne m’a plus rien fait. J’ai tiré les 5 autres balles sans que rien ne me fasse. Mais quoique l’on dise, le fusil donne tout de même un bon coup sur l’épaule.

Enfin, nous verrons d’ici un moment, nous ferons les tirs à 200 mètres, tu ne saurais croire les précautions que l’on nous fait prendre pour aller au tir, le silence le plus grand est recommandé, puis une fois qu’on a tiré, on visite nos fusils et nos cartouchières pour voir s’il n’en reste plus. [Une fois] que tout est vérifié, l’adjudant demande au sergent s’il n’y a rien d’anormal. Le sergent répond rien de nouveau, puis on se remet en marche, enfin je n’ai plus rien à te dire. Tu embrasseras bien mes petits frères pour moi, comme je t’embrasse moi-même.

Ton fils qui t’aime pour la vie.

Henri Luyckx

Soldat au 106e régiment d’infanterie, 3e compagnie au camp de Châlons. »

Autres documents

Lien interne

Inscrit sur le monument aux morts de Racquinghem

Sources

Notes

  1. La fiche Mémoire des hommes fixe le décès au 10 juin 1915 à Hébuterne. Le registre matricule conservé aux Archives départementales du Nord précise que le décès d'Henri est constaté le 20 juin 1915, et qu'il est tombé à la ferme de Touvent (Somme).