Henry Dard

De Wikipasdecalais
Aller à : navigation, rechercher

Petit-fils d'un général d'Empire, Henry Dard plus connu sous le nom de Baron Dard, est né à Paris le 20 juin 1875. Après la mort prématurée de sa mère en 1882, il est élevé chez ses tuteurs à Aire-sur-la-Lys.

Après de bonnes études secondaires à Paris, il tente d'entrer à l'École navale, mais sa myopie le fait réformer. Il entreprend alors des études de Droit à l'Université Catholique de Paris, puis à celle de Lille. Il est licencié en 1896 et après un court séjour au Canada soutient en 1898 une thèse sur le droit canadien.

Sa vive intelligence, son éloquence naturelle, sa parole ardente, le portent tout naturellement vers l'action militante, au service d'un catholicisme vivement combattu au temps de l'Affaire Dreyfus. En 1895, il fonde à Lille la Conférence Jeanne d'Arc. En 1898, il fonde à Arras la Jeunesse catholique du Pas-de-Calais, dont il devient Président.

Deux années plus tard, il fonde le Comité d'Aire de la Jeunesse Catholique. Il anime de nombreuses réunions dans la région, y défendant les thèses d'Albert de Mun, tout en engageant un vif combat contre les Républicains qu'ils soient modérés ou radicaux. C'est un ultramontain jeune et passionné, ardemment clérical, très conservateur, nationaliste, anglophobe, antidreyfusard et antisémite, féru de sciences sociales et d'économie politique, républicain par la force des choses, mais sans enthousiasme.

Il est tout aussi impatient de se lancer dans l'arène politique : c'est ainsi que dans le climat très tendu des élections législatives de 1902, il affronte dans la première circonscription de Béthune, Achille Fanien, un républicain solide. La campagne électorale est violente, stupéfiante même. Supporté par les curés, il donne beaucoup de sa personne, est présent partout, distribue des proclamations, des secours, paie à boire. Il est élu le 27 avril 1902 et son élection est un véritable affront pour le camp républicain, qui n'aura de cesse que de le faire invalider, ce qui sera fait le 14 novembre 1902. Son court passage à la Chambre des députés est toutefois remarqué, notamment par la lettre ouverte d'une insolence inouïe qu'il adresse à Combes, chef du gouvernement qu'il qualifie de « défroqué assouvissant sa vengeance et se complaisant dans sa propre apostasie ». Lors des nouvelles élections, en janvier 1903, il est opposé à Delelis, maire de Lillers et gendre d'Achille Fanien. Il est battu de huit cents voix.

Qu'à cela ne tienne ! Le baron Dard prépare les nouvelles échéances. Il crée à Lille le 7 novembre 1903 l'Association républicaine et libérale du Nord et du Pas-de-Calais et surtout s'engage dans les municipales de 1904, menant une campagne où sont essentiellement évoqués les thèmes nationaux. Il l'emporte et devient maire d'Aire-sur-la-Lys, poste où il se maintient jusqu'à sa mort en 1910, en dépit de deux invalidations. Par contre, il échoue dans ses autres combats électoraux, que ce soient aux législatives de 1906 ou encore lors des élections départementales. Conscient que le combat politique qu'il mène peut nuire aux catholiques, il démissionne en 1904 de l'Action catholique. D'ailleurs sa pensée évolue; il ne combat plus systématiquement les républicains modérés et tempère quelque peu les velléités sociales qui étaient celle de sa jeunesse.

Frappé par la tuberculose, le baron Dard ne peut plus, en septembre 1909, exercer ses fonctions de maire. Soigné à Wimereux, puis en Suisse, il meurt à Lugano le 30 avril 1910.

Il fut, écrit François Delahousse, son arrière petit-fils et son historiographe, « un homme du XIXe siècle par son cléricalisme ultramontain, mais un homme du XXe siècle par son attachement à la politique libérale ».

En somme, il annonce d'une certaine manière la vaste recomposition du champ politique en œuvre une fois assuré le triomphe de la République.


Sources