Laminoirs Tréfileries Câbleries de Lens

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La société Laminoirs Tréfileries Câbleries de Lens (LTCL), ou Câbleries de Lens, a été créée en 1855 à Lens.


1855 à 1918

En 1855, Arthur Stiévenart installe à Lens (rue de Douai, à proximité du canal) un atelier de fabrication de câbles en chanvre pour la batellerie et la marine. L'extension des concessions minières conduisit rapidement à la fabrication de câbles plat en aloès pour le forage des puits, ce qui assura la prospérité de l'atelier et amena à une première extension par l'ajout d'une filature de chanvre et d'un atelier de goudronnage.

Dès 1877, l’établissement Stiévenard-Cambier et fils fabrique ses câbles grâce à des machines brevetées, alors que jusque là l'atelier était manuel. C'est également en 1877 que débute la commercialisation de câbles métalliques.

En 1896, l’établissement est une petite usine employant quatre-vingt personnes. La fabrication de câbles plats pour les mines en chanvre de Manille et en aloès constituait l'élément essentiel de l'activité.

En 1900, Arthur Stiévenart cède sa place à la tête de l'entreprise à son fils Maurice, lequel décède huit années plus tard, imposant à Arthur de reprendre l'affaire. En 1908, la petite fille d'Arthur, mademoiselle Morice-Stiévenart, épouse Georges Gaillard (sous-préfet). Lorsque Arthur meurt en 1910, c'est lui qui reprend la direction de l'entreprise qui prend le nom d'établissements Gaillard-Stiévenart.

La guerre de 1914-1918 laisse la ville de Lens à l'état de ruine et il ne subsiste plus rien de l'entreprise.


La câblerie Stiévenart vers 1900

1918 à 1944

Les établissements Gaillard-Stiévenart se reconstruisent alors sur un nouveau terrain, situé rue de Londres. La modernisation des mines imposa à la câblerie d’abandonner la fabrication à base de textile, car le nouveau matériel des houillères imposait l'usage du câble en acier. La nouvelle usine ouvra ses portes le 1er août 1922 et constituait une des tréfileries d'acier dur et de câblerie d'acier les plus modernes d'Europe.

En 1923, l'affaire de M. Gaillard se transforme en société anonyme avec la participation des mines de Lens et d'un groupe de tréfileurs anglais (pour un capital de neuf millions de francs). En 1925, elle construit un groupe de maisons pour ses ouvriers. En 1928, la capital de la société passe à douze millions d’euros et quelques temps après le groupe des tréfileries Bekaert (Belgique) entre au capital.

La société, qui emploie près de 400 personnes,se dénomme alors Laminoirs Tréfileries Câbleries de Lens (établissements Gaillard-Stiévenart). En 1939, la société emploie près de 550 personnes.

En septembre 1939, Georges Gaillard abandonnait ses fonctions de directeur général, au profit de M. Salle qui était déjà membre du conseil d'administration.

En 1940, après la défaite de l’armée française l’usine se remet en route progressivement, mais les mesures de concentration d’usine imposées par l’État entraîne l’arrêt complet des fabrications de produits en métaux non ferreux. La société s’oriente alors vers la fabrication d’accessoires de cycles (rayons, câbles de freins, porte-bagages).

En août 1944, la ville de Lens subit un bombardement qui détruit une partie des bâtiments.

1945 à 1978

En mars 1945, Maurice Salle démissionne de ses fonctions de président du Conseil d'administration et de directeur général, en raison de son âge. Géry Haynau lui succède alors. Les années d’après guerre sont difficiles, les machines ont manqué d’entretien durant la guerre et sont devenues obsolètes, tandis que les difficultés du transport ferroviaire contrarie les mouvements de marchandises.

Dès 1947, la modernisation de l'outil de production est mis en œuvre et la capital de la société est porté à 75 millions de francs (puis à 150 millions en 1948, et 225 millions en 1949).

Malgré une capacité de production plus importante qu'avant guerre, l'année 1950 est marquée par une crise des commandes, et il faut attendre la fin d'année pour enregistrer d'importantes commandes pour la Hollande et la Chine populaire.

En juin 1952, afin de construire une nouvelle câblerie, la société achète à Loison-sous-Lens l'ancien dépôt du chemin de fer économique Lens-Frévent. En vue du transfert, le capital de la société est porté à 450 millions de francs. La nouvelle câblerie est mise en service au second semestre 1953.

Débute alors la fabrication des câbles d'alliage aluminium-magnésium-silicium (AGS).

Le 30 mars 1955, Géry Haynau part en retraite et abandonne la présidence et la direction générale de la société. Il est remplacé dans ses fonctions de président par Gabriel Verlay (président de SOFINORD), la direction générale revient à Pierre Soudre.

En 1956, le laminage de fil machine acier est abandonné et le laminoir utilisé pour fabriquer uniquement du fil machine de cuivre, d'aluminium et d'alliages d'aluminium.

En 1957, un accord intervient avec la société Chainelec-Distribution pour la fabrication des fils et câbles isolés dans des séries domestiques. Cet accord prendra fin en décembre 1959 à la disparition de Chainelec mais aura marqué le développement de la série domestique.

En mai 1958, le capital est porté à 750 millions de francs. Cette même année, la société fabrique les câbles tréfilés utilisés pour le pont de Tancarville.

Au cours de l'année 1962, la tréfilerie acier est transféré presque en totalité à l'usine de Loison-sous-Lens (le transfert définitif est achevé en 1967). L’atelier de fabrication de la série domestique se réinstalle à Lens.


Les installations de Loison-sous-Lens (1962)


Pierre Soudre quitte la direction générale en septembre 1967. Roger Henriet lui succède alors.

En juin 1968, la dénomination sociale devient Laminoirs, tréfileries, câbleries de Lens (anciens établissements Gaillard-Stiévenart fondés en 1855.

Le 17 octobre 1968, le conseil d'administration décide la construction d'un laminoir cuivre en bordure du canal de Lens, face à l'usine de Loison-sous-Lens. Le laminoir en service, de 1930, exigerait une modernisation trop onéreuse. La construction s’achève en juin 1970.

En 1970, la câblerie acier fabrique les deux tiers (120 tonnes) des câbles qui supportent la toiture suspendue de 75 000 mètres carrés de la halle des sports, du stade et de la piscine de Munich (construits pour les vingtième jeux olympiques).

En 1970 également, la société prend des participations dans la câblerie métallique Berger, à Sartrouville, ainsi que dans la société lyonnaise d'applications métallurgiques, à Lyon.

Au 1er janvier 1970, Gabriel Verley quitte ses fonctions de président du conseil d'administration. Pierre Decoster lui succède.

En décembre 1972, le conseil d'administration approuve la création d'une nouvelle société de fabrication de tubes en cuivre, en partenariat avec la compagnie américaine Cerro Corporation.

La construction de l'unité de production de tubes en cuivre de la filiale Turbo Euro Lens (TEL) débute à Harnes en 1973 et s’achève au début de l’année 1974.

Le 1er octobre 1973, Fernand Jungo est nommé directeur général adjoint.

En 1974, Roger Henriet, directeur général, est promu chevalier de la Légion d'honneur.

L'exercice de l'année 1976 est le plus difficile depuis 1945, conséquence de la crise économique mondiale. Le bilan est particulièrement mauvais pour la filiale Tubes Euro Lens. Le 17 décembre 1976, la fermeture de l’usine est annoncée.

Le 1er octobre 1976, Bruno Thomas devient directeur de l’usine de Loison-sous-Lens.

En 1976, la société compte 1546 salariés.

En 1977, la crise persistante impose une baisse des charges par le recours au licenciement collectif pour motif économique conjoncturel (65 personnes concernées).

En juin 1978, Roger Henriet est nommé président-directeur général. L'entreprise est séparée en deux départements : acier et non-ferreux. Bruno Thomas est nommé directeur du département acier ; Fernand Jungo est nommé directeur du département non-ferreux (tout en conservant ses fonctions de directeur-général adjoint).

Au 31 décembre 1978, l'effectif de la société est de 1173 personnes.

Les usines en 1978

Division non ferreux (effectif : 531 personnes)

' Surface bâtie (en m2 ) Puissance électrique installée
Usine de Lens 26 090 5 150
Usine des plastomères 8 060 1 445
Usine de Sallaumines (LSA) 3 420 1 360
Usine de Harnes 17 222 4 915

Division acier (effectif : 582 personnes)

' Surface bâtie (en mètres carré) Puissance électrique installée
Usine de Loison-sous-Lens 54 970 9 470

Laminage cuivre (effectif : 60 personnes)

' Surface bâtie (en mètres carré) Puissance électrique installée
Usine de Sallaumines 3 527 3 610

1979 et après

Le 27 février 1979, au cours d'une assemblée générale extraordinaire, le conseil d'administration propose aux actionnaires d'organiser les activités existantes au sein de trois sociétés spécialisées :

  • La société laminoirs tréfileries câblerie de Lens (fil machine aluminium et alliages d’aluminium, fils et câbles nus ou isolés, tubes de cuivres) ;
  • La société CORISUM qui devient société Fils et câbles d'acier de Lens (FICAL) (fils et câbles d’acier dur clair ou galvanisé) ;
  • La société CIRVAL qui devient Société lensoise du cuivre (fil machine cuivre).

Le 5 juin 1979, Roger Henriet démissionne de ses fonctions de président pour laisser la place à Jean-Thomas Mandula.

Nexans prend le contrôle des LTCL de Lens.

En 2006, le site de la rue de Londres, à Lens, est fermé. Le site de quatre hectares est demi a été défriché en 2010 pour laisser place à un programme d'habitation[1].


Bibliographie

  • Câblerie de Lens, historique de 1855 à 1940 de l'unité de Lens, documents réunis par Pierre Polvêche, 1992, 59 pages.
  • Câblerie de Lens, historique de 1940 à 1979 de l'unité de Lens, documents réunis par Pierre Polvêche, 1993, 157 pages.

Notes

  1. La Voix du Nord, du 20 novembre 2010 : « Nexans : une friche bientôt rasée pour une usine qui s'est redéployée sur Lens. »