Monument aux morts d'Harnes

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Monument aux morts d'Harnes
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Localisation Harnes
Conflits commémorés 1914-1918, 1939-1945
Sculpteur Maurice Rogerol
Épitaphe Aux morts
Grande Guerre 1914-1918
Union des anciens combattants d'Harnes

Descriptif

Localisation : Au cimetière. Lorsque les corps furent restitués aux familles après la Grande Guerre, le conseil municipal accorda une concession gratuite aux parents pauvres. L'entretien de ce terrain du souvenir fut confié à l'association des anciens combattants de la commune. C'est cette dernière qui décida d'y élever le monument aux morts. Toutefois, un premier monument avait été implanté sur la Grand-Place au début des années 1920. Ce monument était très contesté et jugé par beaucoup de mauvais goût, et un beau matin on le découvrit gravement vandalisé ! On décida alors du choix de l'implantation d'un monument plus artistique au cimetière.

Architectes : Jean Goniaux (à Douai) et Delannoy (à Lens)

Descriptif du monument du cimetière :

D'après un article de presse de l’époque :

« Le bas-relief qui orne la face principale du monument symbolise en des lignes sobres, pleines, d’une noble grandeur, l’émouvante douleur d’une femme, mère ou épouse devant l’éternel souvenir d’un être cher à jamais disparu. Reconnaissant hommage à la mémoire de nos anciens compagnons d’armes tombés pour le salut de la grande patrie et l’âpre défense de nos foyers menacés, ce monument écarte tout symbole de guerre et cherche plus simplement à fixer par le bronze et la pierre l’histoire douloureuse de nos morts et de dresser à la face du monde l’image de leur souffrance, de leur courage et de leur dévouement »

. Le bas-relief est en bronze ; la maçonnerie est en grès, en granit et pierres de taille, elle a été faite généreusement par M. Lefort (grand entrepreneur de travaux d'art dans le Nord).

Maître d'ouvrage : Union des anciens combattants.

Le monument aux morts d'Harnes a bénéficié d'une restauration en mai 2007 par la société Serviloc. Le travail consista en particulier dans la réfection du bronze. Dans le même temps, le carré militaire a été également nettoyé.

Inauguration

Le monument a été inauguré le 8 novembre 1925.

Voici comment le journal l'Avenir de Lens rapporte l’inauguration du monument aux morts d'Harnes dans son édition du 12 novembre 1925 :

« Après l’Armistice, au retour des corps des soldats d'Harnes morts pour la France, le conseil municipal, sur la proposition de son maire, M. Choquet, accorda gratuitement des concessions aux familles pauvres et chargea l’association des mutilés et anciens combattants de l’entretien des terrains au cimetière. Cette association puissante ne voulut pas en rester là et pour honorer ses 237 compagnons glorieusement tombés pour la patrie, leur firent ériger le mausolée qui a été inauguré dimanche.

L’œuvre principale et original est un bas-relief en bronze de deux mètres carrés, représentant une pleureuse avec un poilu en buste. Elle est due au statuaire Maurice Rogerol, prix de Rome et professeur à l’école des Beaux-Arts de Douai. La maçonnerie est en grès, en granit et en pierre de taille. Elle est due à la générosité de M. Lefort, entrepreneur de travaux d’art de la région du Nord. L’ouvrage a été exécuté sous la direction de MM. Jean Goniaux, architecte à Douai, et Pierre Delannoy, architecte à Lens.

Malgré le temps maussade et incertain, toutes les sociétés adhérentes à la cérémonie étaient au rassemblement face au monument de 1870, rue de l’Hospice.

À 3 heures, le signal du départ est donné et le cortège imposant se met en route. On remarque, la musique municipale, la compagnie des sapeurs-pompiers, la société de gymnastique, les pupilles de la Nation, les enfants des écoles, le conseil municipal, l’association des mutilés et anciens combattants d'Harnes, et des délégations des associations de Lens, Courrières, Noyelles-sous-Lens, Hénin-Liétard, etc. avec leurs drapeaux.

Le cortège arrive au cimetière où est élevé le mausolée. Les sociétés et la grande foule des Harninois, se placent autour. Près de la tribune ou auront lieu les discours, nous remarquons MM. Choquet, maire ; Constant Virel, adjoint et tous les conseillers municipaux ; Rogerol, statuaire ; Goniaux, architecte ; Lefort, entrepreneur de travaux d’art ; Duchesne, président et Soufflet, secrétaire général des Poilus d'Harnes, les artisans de la cérémonie.

De nombreuses gerbes de fleurs sont déposées par les familles, puis le voile tombe et la musique joue la Marseillaise. M. Duchesne, président des anciens combattants, dans un discours des plus émotionnants, rappelle les sacrifices des héros tombés pour la patrie et assure leurs familles du dévouement le plus entier de la société.

Puis un chœur de jeunes filles chante À ceux qui reposent là-bas.

M. Chocquet, maire d'Harnes, remercie tous ceux qui ont contribué à élever le monument et particulièrement l’association des mutilés, à qui il adresse l’expression de la plus profonde gratitude de la ville d'Harnes.

Il termine en disant : «  héros de la Grande Guerre, nous ne vous oublierons jamais ».

Le chœur des jeunes filles exécute alors L'Hymne aux morts de Victor Hugo. Il fait presque noir lorsque M. Louis Fontenaille, président de la fédération des anciens combattants du Pas-de-Calais, monte sur la tribune. Son discours est des plus beaux ; il trouve avec facilité les expressions qui conviennent pour saluer et honorer ceux qui versèrent leur sang pour la défense du sol sacré.

Silencieusement la foule se retire, des larmes coulent sur des visages assombris et l’émotion étreint tous les cœurs de ceux qui vécurent les jours tristes de la guerre meurtrières où périrent 1.500.000 des nôtres. »


Voici comment le Journal de Lens rapporte l’inauguration du monument aux morts d'Harnes dans son édition du 15 novembre 1925 :

« La commune d'Harnes qui compte aujourd’hui 15000 habitants et qui a tant souffert pendant la guerre, a procédé dimanche à l’inauguration d’un monument élevé à la mémoire de ses 237 enfants tombés sur le champ de bataille. Cette grande cérémonie était placée sous la présidence d’honneur de M. Fontenailles, président de la fédération du Pas-de-Calais. Nous avons donné la photographie du mausolée érigé au cimetière sur un terrain concédé à perpétuité par la municipalité, dû au talent de M. Rogerol, prix de Rome, et exécuté par M. Goniaux.

Dimanche, la ville d’Harnes avait revêtu sa parure des jours de grande fête. Presque toute la population avait arboré l’emblème national. Le temps passable permit à la cérémonie de se dérouler conformément au programme établi. A 14 heures, il y eut un grand rassemblement des sociétés locales, musiques, sapeurs-pompiers, gymnastique, l’union des anciens combattants, sociétés de secours mutuels, pupilles de la nation, des délégations des sociétés des anciens combattants de communes voisines en face du monument aux morts des combattants des 1870, rue des Hospices.

Une foule immense d’habitants se plaça derrière les dites sociétés, puis un défilé eut lieu dans les principales rues de la ville, aujourd’hui presque totalement reconstituées. Vers 15 heures, l’immense cortège (6 à 7000 personnes) arrivait au cimetière. La musique municipale la Jeune France joue une marche funèbre et est suivie des différentes sociétés, du conseil municipal, Choquet, maire, en tête ; de MM. Goniaux, Rogerol, Mac Corkel, Dupont et Virel, adjoints au maire ; MM. Duchesne, Soufflet, Dacheville, Derache, Demarcq, Delattre, Bacquez, Flanquart, du conseil d’administration des anciens combattants d'Harnes ; MM. Mastaing, Neuville, des anciens combattants de Lens, etc.

La foule et les représentant des différentes sociétés déposent alors de nombreuses gerbes de fleurs au pied du monument.

La clique des sapeurs-pompiers sonne Aux Champs et la série des discours commence. C’est d’abord M. Alfred Duchesne, qui prend la parole au nom des anciens combattants et des mutilés d'Harnes. Plein d’émotion, M. Duchesne rappela que, après l’armistice, l’Union [des anciens combattants], en plein accord avec la municipalité fit tout ce qu’il était possible de faire pour la rentrée des corps des soldats d'Harnes sur les différents champs de bataille. Il remercie la municipalité d’avoir accordé la concession du terrain à perpétuité, il remercie les architectes, entrepreneurs et généreux donateurs et rappelle le courage et le sacrifice de ceux qui sont morts pour que vive le pays. Ce mausolée, dit-il en terminant, rappellera les vertus et les souffrances de nos chers camarades tombés au champ d’honneur, auxquels il a associé la mémoire des victimes de la guerre 1870-1871.

Jurons que jamais nous ne les oublierons. Les drapeaux s’inclinent, puis a lieu une minute de silence, en signe de recueillement et de pensée pour les grands morts. Un chœur de jeunes filles chante ensuite : À ceux qui reposent là-bas.

Choquet prit à son tour la parole et prononça une émouvante allocution. De quelques mots, dit-il, courts comme un adieu, je remercie au nom de la municipalité et de la ville les généreux donateurs qui ont souscrit pour l’érection du monument : l’association des anciens combattants et des mutilés qui, grâce à leurs efforts permirent de réaliser cette belle œuvre du souvenir. Aujourd’hui, grâce aux efforts constant de la France démocratique, on peut mesurer le progrès constaté depuis la signature du traité de Versailles. Il parle de l’œuvre de la Société des Nations et du récent traité de Locarno qui permet d’envisager enfin la fin des guerres. Espérons que le progrès ira aussi vite à faire le bien que, jadis il fit le mal. Puis se tournant vers le monument, il ajouta pour terminer : Héros ! Votre sacrifice n’a pas été inutile car, dès maintenant, on peut espérer qu’au lieu de se nourrir de haine, on s’inspire de la justice comme règle. La voix des morts nous convie au travail, à l’union, au bonheur et à la paix.

Un groupe de jeunes filles et de jeunes hommes chante l’hymne de Victor Hugo. M. Fontenailles, président de la fédération départementale des anciens combattants clôture la série des discours. Il remercie la population, rappelle les sacrifices consentis par nos grands morts et demande de ne pas oublier leur doux souvenir. La musique municipale joue ensuite la Marseillaise.

Discours de M. Fontenailles : "C’est une belle et réconfortante pensée qu’ont eu nos camarades d’Harnes, d’accord avec une municipalité bienveillante et reconnaissante aux combattants, avec une population particulièrement généreuse, en élevant ce monument à la mémoire des compagnons de votre ville que la guerre a enlevé à notre amitié et à notre affection. Certes, les monuments sont très nombreux, qui par des souscriptions publiques ou trop rarement grâce aux dons fait par des français voulant montrer leur gratitude aux soldats qui sauvèrent leur vie et leur fortune, s’élèvent à présent à la gloire de ceux qui moururent à nos côté et dont le souvenir ne doit pas disparaître, si nous voulons que tous les citoyens d’une nation libre, créatrices surtout des nations aussi libres, ici comme ailleurs continuent à vivre dans l’indépendance et la liberté, dans l’honneur et la discipline. Dans l’intention, précisément, non pas de tuer la guerre, mais d’abolir l’esprit de guerre en créant l’esprit de fraternité universelle par la justice individuelle et l’intégrale réparation pour l’individu qui a souffert, comme pour les nations qui ont été aussi des martyres, nos associations se sont créées ; et depuis l’armistice, leur élan pas un instant ne s’est démenti. A leurs appels se sont dressés les hommes de bonne volonté, et de toutes les provinces et de toutes les opinions, qui ont cru que pour faire la paix juste et durable, il fallait d’abord panser les blessures et les deuils et croire à l’amour entre les hommes. Nos luttes ont été rudes, non pas tant contre nos concitoyens qui surtout dans des bourgs comme le votre avaient vécu autant que nous l’effroyable misère de la haine et de l’exil chez soi, mais contre cet esprit qui, devançant les temps et les hommes misérables aurait voulu chez certains aimer l’injuste et l’agresseur pour oublier qui à fait son devoir. Aujourd’hui, ayant repris sa place et la première, dans le concert des nations, ayant dicté l’œuvre de paix pour laquelle seulement nous nous étions battu, la France considère combien fut grande la misère, si combien grands d’abord furent sa gloire et son honneur.

Avoir payé de tant de sang le droit de vivre libre et indépendants, hommes qui pouvons à présent aimer tous les hommes, qui avaient eu confiance en la France aux heures des dangers nationaux, et même aux heures de leurs défaites, y a t il plus grande peine et est-il plus grand deuil ? En élevant ce mausolée qui domine les tombes de vos 237 concitoyens tombés pour la patrie et le triomphe du droit universel, vous avez seulement continué la tâche que nos associations s’étaient librement tracée ; maintenir le souvenir au cœur des hommes qui ne veulent pas être ingrats, réparer les injustices engendrées par la guerre terrible et qui fut une véritable révolution pour tous les peuples appeler dans la concorde par l’effort commun, tous les citoyens libres qui aspirent à la justice dans la dignité. C’est pourquoi, m’inclinant devant la douleur des veuves, des vieux parents, des orphelins que nous avons librement pris à charge, je remercie votre municipalité et votre belle association en demandant que pas seulement au sein de notre fédération départementale des combattants de l’union fédérale, l’exemple tracé par vous soit imité afin que disparaissent à jamais les haines qui, jetant les hommes face à face et armés, font reculer les libertés et reculer l’humanité". »

Liste des noms inscrits

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