Paul Bellot

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Paul Bellot, né à Paris le 7 juin 1876, décédé à Montréal au Canada le 5 juillet 1944, fut moine bénédictin de Wisques, grand rénovateur de l’architecture religieuse.

Sa jeunesse

Fils aîné d’un architecte vérificateur, Paul Bellot entre en 1894 à l’École des Beaux-Arts de Paris dont il sort diplômé en 1900. Très bon élève, il est néanmoins critique à l’égard de l’enseignement qu’il reçoit et se plaint de sa « routine désespérante ». Il exerce pendant deux ans ; le 6 octobre 1902, il renonce à cette carrière pour devenir moine bénédictin à l’abbaye de Solesmes repliée à l’île de Wight depuis la suppression des congrégations religieuses en France en 1901.

En 1906, alors qu’il poursuivait ses études de théologie, il reçoit la lourde charge de construire l’abbaye d’Oosterhout aux Pays-Bas où se sont réfugiés les moines de Wisques et, l’année suivante, l’abbaye de Quarr (île de Wight) pour sa communauté exilée. Encore peu expérimenté, il reçoit l’aide de son père.

Le prêtre architecte

Paul Bellot est ordonné prêtre le 10 juin 1911 à Quarr, en même temps que son frère cadet, Georges. À partir de 1920, l’apaisement des relations entre l’Église catholique et l’État français permet le retour de certaines congrégations. Les moines de Quarr retrouvent Solesmes, ceux d’Oosterhout retrouvent Wisques.

Relancé dans son métier d’origine, Dom Bellot collabore à partir de 1922 avec des architectes laïcs. En 1928, il s’installe à Wisques où il est chargé d’agrandir les locaux de l’abbaye et de subvenir aux besoins de la communauté par ses honoraires d’architecte. Les résultats de ses recherches sont publiés sous le titre : Une œuvre d’architecture moderne par Dom Bellot, osb. En 1932, il est récompensé par la Société centrale des architectes pour ses remarquables travaux. Il participe à la réflexion sur la liturgie et l’art et donne de nombreuses conférences. Il rejoint un groupe d’artistes et d’artisans catholiques, L’Arche, fondée par Maurice Storez. Architectes, sculpteurs, peintres, décorateurs, orfèvres, brodeuses y réfléchissent sur la construction, l’aménagement et la décoration des églises et sur la confection du vestiaire liturgique et du mobilier. Architecte reconnu, il est invité au Québec et s’y rend à plusieurs reprises pour des chantiers. Il y retourne encore en 1939 ; le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale l’oblige à y rester. Il y meurt en 1944.

Le « poète de la brique »

Dom Bellot, qui s’était débarrassé des modes architecturales du début du siècle, invente un style qui lui est propre et qui le fait souvent comparer à Gaudi. Il utilise la brique comme matériau de base en la disposant de façon telle qu’elle devient sculpture, dans des volumes et des formes qui marquent son style : coupole à facettes, arc parabolique ou en mitre. Il utilise pour la première fois cet arc à l’église de Noordhoek (1921-1922). Il maîtrise parfaitement ce matériau, créant une atmosphère propice au recueillement. Les jeux d’ombre et de lumière, les couleurs et les assemblages font vibrer les murs et les structures.

On l’appelle « le poète de la brique » même si celle-ci, apparente, est quelquefois associée au béton. Il utilise les briques polychromes, non seulement pour souligner le profil des arcs mais aussi pour composer des motifs abstraits sur les murs et sur les voûtes. Il est considéré comme le rénovateur de l’architecture religieuse contemporaine, réconciliant modernité et spiritualité.

L'influence bellotiste

Il exerce une forte influence, notamment pour le Nord Pas-de-Calais, sur les architectes Louis Quételard, André Pavlovski et Joseph Philippe. Ce dernier est à Wisques son proche collaborateur et termine plusieurs de ses projets après 1944. Il influence aussi l’architecte de la Grande Reconstruction, Louis Marie Cordonnier, chez qui on retrouve le même goût de la brique. L’œuvre de Dom Bellot connaît une grande postérité au Québec où le mouvement bellotiste marque profondément l’architecture religieuse. En France, elle est mal connue. Ce n’est qu’en 1996 que l’Institut français d’architecture publie une monographie et propose dans ses locaux une exposition importante.

Ses œuvres

  • Abbaye de Quarr (île de Wight)
  • Abbaye Saint-Paul d’Oosterhout (Pays-Bas)
  • Église Saint-Joseph de Noordhoek (Pays-Bas)
  • Chapelle des Augustins à Eindhoven
  • Basilique Saint-Joseph du Mont Royal
  • Abbaye Saint-Benoît-du-Lac (Canada)
  • Église Saint-Chrysole à Comines (Nord)
  • Église Saint-Martin d’Hardecourt-aux-bois (Somme)
  • Bibliothèque et cloître de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes (Sarthe)
  • Église de l’Immaculée Conception à Audincourt (Doubs)
  • Chapelle du séminaire de Neuvy-sur-Barangeon (Cher)
  • Prieuré Sainte-Bathilde à Vanves (Hauts-de-Seine)
  • Basilique Saint-Joseph-des-Fins à Annecy (Haute-Savoie)
  • Réfectoire, cuisine, bibliothèque de l’abbaye Saint-Paul de Wisques.

Sources et bibliographie

  • Agnès et Gérard Devulder
  • Courrier du Pas-de-Calais 25 octobre 1935
  • Christian Hottin, Une vie, une œuvre, des archives : notes sur le fonds Dom Paul Bellot aux Archives nationales du monde du travail (fonds n° 2003 006)
  • Claude Bergeron et Geoffrey Simmins, L’abbaye de Saint-Benoît-du-lac et ses bâtisseurs, Sainte-Foy, Les presses de l’université Laval, 1997, 312 p. 
  • RCF, Poussière et lumière, 10 octobre 2012, Interview de Christian Decottignies par Marie Lehy.
  • Documentation fournie par Michel Tillie, membre de la Commission Diocésaine d'Art Sacré d’Arras.