Poudrerie d'Esquerdes

De Wikipasdecalais
Aller à : navigation, rechercher
La sortie des ouvriers poudriers à Esquerdes

Histoire de la poudrerie d'Esquerdes

C'est en 1686 que la poudrerie d'Esquerdes commence ses activités sous le nom de Régie Royale des Poudres et Salpêtres avec la transformation de moulins antérieurs appartenant à un certain Joëts afin de se procurer l'énergie nécessaire à l'activité. Ce site est ainsi une des plus anciennes industries de la région.

François Berthelot, commissaire général des poudres et salpêtres, rattaché au ministre de la guerre Louvois, est chargé de lancer cette nouvelle activité stratégique pour les armées de Louis XIV, alors que ce dernier venait de prendre Saint-Omer. Pendant plus d'un siècle, la poudrerie reste telle qu'elle était à ses débuts.

En 1800, on estime que l'ensemble ne dépasse pas les 3 hectares. Mais 25 ans plus tard, un premier essor à l'entreprise est donné, portant la superficie de 3 à 9 hectares. L'activité se déploît et prend de l'importance. Des terrains limitrophes sont achetés et la manufacture se développe, attirant la main d'oeuvre.

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, sous l'effet de l'essor industriel, puis de la guerre de 1870, la fabrique se modernise et se mécanise. Une papeterie toute proche est rachetée et on raccorde le site au chemin de fer.

En 1890, près de 200 personnes travaillent dans l'usine. Même si elle appartient entièrement au ministère de la guerre, l'ensemble du personnel est composé de civils, bénéficiant du statut de fonctionnaire. De nouvelles activités liées au travail de la poudre font leur apparition : explosifs nitratés antigrisouteux, mélinite (trinitrophenol)... En 1900, le site couvre une superficie de 34 hectares. Les bâtiments sont de petite taille, bien espacés avec un minimum de 50 mètres, demandant un nombre limité d'ouvriers, à cause de la nature de ce qui est produit.

Située près du front pendant la première guerre mondiale, la poudrerie d'Esquerdes participe à plein rendement à l'effort de guerre et est un point stratégique du dispositif allié.

Après la fermeture du site

Le site ferme ses portes en 1970. À sa fermeture, l’établissement occupait 140 personnes, dont 30 avaient le statut de fonctionnaire alors que les 110 autres étaient ouvriers d’État. Le ministère de la Défense offrit au personnel la possibilité d’un reclassement à la poudrerie de Vonges (Vosges).

L’ancienne poudrerie a été mise en vente par adjudication pour une superficie totale bâtie et non bâtie de 32 hectares[1]. Elle a été acquise le 25 novembre par la société anonyme du Centre du Midi à Marseille pour 1.430.000 francs.

L'adjudication comportait seize lots[2] :

« Lot 1 : l'ancienne poudrerie d'une superficie de 28 hectares environ, cadastrée en section D, n° 78 et 79 ; avec 134 bâtiments couvrant une superficie approximative de 14.150 m2  et comprenant 3 logements, bureaux, poste de garde, ateliers, garages, magasins, etc. ; un massif boisé et un bras de rivière relié par des ponts ; un raccordement à la ligne de chemin de fer Saint-Omer à Boulogne-sur-Mer.

  • Lot 2 : un jardin cadastré en section A n° 30 et 38 au lieu dit la Bonne Cense, d'une surface de 6390 m2 .
  • Lot 3 : Un terrain dénommé Champ de tir, cadastré en section A n°95, 96, 97, 754 et 755, en nature de pré, sol, terre et landes d'une superficie de 6.109 m2  dont 739 m2  environ entièrement clos de murs et supportant un petit bâtiment.
  • Lot 4 : ensemble de garage sis rue Winston Churchill, pour une superficie totale de 420 m2 .
  • Lot 5 : une maison d'habitation sise au n° 1147 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 307 m2 .
  • Lot 6 : une maison à usage d'habitation sise au n° 1137 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 175 m2 .
  • Lot 7 : une maison à usage d'habitation sise au n° 1135 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 196 m2 .
  • Lot 8 : une maison à usage d'habitation sise au n° 1127 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 151 m2 .
  • Lot 9 : une maison à usage d'habitation sise au n° 1123 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 171 m2 .
  • Lot 10 : une maison à usage d'habitation sise au n° 1380 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 245 m2 .
  • Lot 11 : une maison à usage d'habitation sise au n° 1390 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 175 m2 .
  • Lot 12 : une maison à usage d'habitation sise au n° 1130 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 1.495 m2 .
  • Lot 13 : une maison à usage d'habitation sise au n° 289 rue de la Carbonnerie, d'une superficie totale de 1.020 m2 .
  • Lot 14 : une grande propriété (maison d'habitation, dépendances, jardin) sise au n° 1240 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 7.130 m2 .
  • Lot 15 : une grande propriété (maison d'habitation, dépendances, jardin) sise au n° 1322 rue Winston Churchill, d'une superficie totale de 4.425 m2 .
  • Lot 16 : une maison à usage d'habitation sise au n° 30 rue du Pont Neuf, d'une superficie totale de 1.074 m2 . »

Ce n'est que près de trente ans plus tard que l'usine est rénovée après que la mairie en a pris possession en 1995.

Témoignage audio

Souvenirs d'un ancien de la poudrerie d'Esquerdes, M. Daniel Mutez.
Propos recueillis par Jean-Yves Boyet Ecoutez Voir

Bibliographie

  • Daniel Mutez, « La poudrerie d'Esquerdes : trois siècles d'histoire », Bulletin historique du Haut-Pays n° 48, Comité d'histoire du Haut-Pays, 1994.
  • Daniel Mutez, La Poudrerie d'Esquerdes des origines à nos jours, Études et documents n° 11, Comité d'histoire du Haut-Pays, 1995.
  • Daniel Mutez, Sophie Léger, La Poudrerie d'Esquerdes : des techniques et des hommes, Études et documents n° 26, Comité d'histoire du Haut-Pays, 2000.

Notes

  1. Autorisation de mise en adjudication parue au Journal officiel du 15 août 1975, page 8344.
  2. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 61458, fermeture de la poudrerie d'Esquerdes.