Prieuré du Val-Restaut

Un prieuré maintes fois détruit avant de disparaître à la Révolution

La fondation

Le prieuré du Val Restaut, dépendant de l'Abbaye de Saint-André-aux-Bois, est fondé en 1176, lorsque Clarembold, seigneur de Thiembronne, fait donation de ce domaine, pour la construction d'une chapelle, que son fils Guillaume fait bâtir en 1208. Les terres sont incultes et commence alors le défrichement. On y élève une chapelle où ont lieu mariages et catéchisme, ainsi qu'un bâtiment d'exploitation agricole.

Le prieuré fonctionne alors comme une paroisse indépendante de Thiembronne, et les seigneurs de Thiembronne contribuent à enrichir cette maison durant tout le XIII^e siècle :

• 1232 - Firmin et Gosson Dumont, domiciliés à Thiembronne, font don au prieuré de 23 mesures de terre au champ de l'aumône.
• 1248 - Jean, seigneur de Brimeu, donne 10 mesures de terre au prieuré, situées au Bourguet.
• 1250 - Géraud de Boncourt donne au prieuré 91 mesures de terre à Écuires, contre 10 livres de rente.
• 1253 - Hugues Leblond ajoute 12 mesures de terre de don au prieuré au champ de l'aumône.
• 1253 - Un don d'Aelis de Thiembronne assure les revenus nécessaires à l'entretien d'un second religieux.

En 1254, la maison et chapelle du Val Restaut sont déclarées exemptes de la juridiction épiscopale, par Radulphe, évêque de Thérouanne, privilège confirmé par l'archidiacre de Thérouanne en 1272, et par l'évêque Henri de Muret en 1285. Enguerrand de Vaudringhem vend au prieuré 12 mesures de terre à Thiembronne en 1261, et les dons au prieuré s'achèvent à peu près avec le XIII^e siècle, dont les propriétés restent sensiblement les mêmes jusqu'à la Révolution.

Les différents entre seigneurs et religieux

• En 1339, Jean de Lambersart, seigneur de Thiembronne, ratifie le droit de haute, moyenne et basse justice des moines de l'abbaye de Saint-André-au-Bois, au Val Restaut, mais révoque le droit de pâturage dans ses bois accordé au prieuré par ses ancêtres. Le privilège sera rétabli un peu plus tard par un nouvel accord.
• En 1342, c'est Jean de Beaurains, chanoine de Saint-André, qui est maître de la maison du Val Restaut.
• En 1407, Guillaume de Lambersart, seigneur de Thiembronne, partage de longs débats avec les religieux, concernant la justice au Val Restaut : il est d'abord condamné à 100 livres d'amende. Mais finalement, les religieux cèdent au seigneur de Thiembronne le droit de haute justice sur leurs terres (sauf dans l'enclos de la ferme), en échange de quoi l'abbaye de Saint-André-au-Bois ne fournit plus qu'un seul religieux au lieu de deux, comme c'était le cas depuis 150 ans, pour desservir la chapelle du Val Restaut.
• En 1415, avec la présence continuelle de troupes anglaises, conséquente à la bataille d'Azincourt, les religieux décident de louer leur ferme jusqu'alors toujours cultivée par eux-mêmes.
• Suite à un nouveau désaccord entre seigneurs et religieux, le 21 juin 1508, Denis Daviau, abbé de Saint-André-au-Bois en désaccord avec Louis Bournel, seigneur de Thiembronne, accepte que le seul religieux du Val Restaut continue d'y loger et de célébrer la messe pour les fondateurs du prieuré.

Les destructions successives

• Le prieuré continue son existence modeste, jusqu'au moment où la guerre vient lui apporter le pillage et la destruction complète.
• En 1646, le frère Antoine Godart, qui s’est réfugié à Saint-Omer depuis 1635, vient relever la maison de ses ruines et, en 1647, alors que son œuvre est presque achevée, tout est de nouveau pillé et dispersé.
• En 1658, la chapelle est rebâtie
• En 1710, pendant le siège d'Aire-sur-la-Lys, les alliés viennent ravager le Val Restaut, ruinant le prieuré et la ferme.
• Ils ne sont restaurés qu'en 1714, et finissent par disparaître pendant la Révolution de 1789.

Aujourd'hui, le domaine du Val Restaut abrite une faisanderie.

Notes

• Les Albums de Croÿ comptent parmi leurs gouaches un tableau intitulé le « Prioré de Vertau », dont on suppose qu'il s'agit du prieuré du Val Restaut (représentation d'un site boisé, de bâtiments agricoles et d'une chapelle).
• L'abbé Jules Leroux mentionne également un projet d'abbaye à Thiembronne.

Sources

• Abbé Jules Leroux, Histoire de Thiembronne, Saint-Omer, 1912.