Saint Bertulphe

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Saint Bertulphe est honoré dans le Haut-Pays. Ce personnage qui contribua à l'évangélisation de la région, vécut au VIIe siècle. La rédaction de sa vie fut tardive, rédigée seulement en 1073, au sein du monastère de Saint-Blandin de Gand, mais l'hagiographe prétend s'être appuyé sur une Vita plus ancienne, de l'époque carolingienne. Autant dire que nous n'avons que peu de certitudes sur le déroulement de son existence.

Bertulphe (Bertoul) serait né vers 640 en Alamanie, de parents « ordinaires et païens » sous le règne de Sigebert, fils de Dagobert. Désireux de devenir prêtre, il se rend à Thérouanne pour rencontrer l'évêque, Saint Omer, dont la réputation s'est, semble-t-il, largement répandue au delà des limites de son diocèse. Il en aurait reçu le baptême. Notre évêque l'envoie chez Wambert, maître d'un important domaine à Renty. Ce personnage est un possible comte du Ternois. Il n'y a pas de preuve historique de son existence, mais un Walbert – est-il possible que ce soit le même ? – apparaît dans quelques chartes de la proche abbaye Saint-Bertin. Le comte aurait élevé dans ses domaines plusieurs églises, l'une dédiée à Saint-Martin, à Fauquembergues (plutôt à Saint-Martin-d'Hardinghem), une autre à Saint-Pierre (peut-être à Wandonne) et aurait construit une abbaye dédiée à Saint Denis sur sa terre de Renty. Le fait est plausible car l'évangélisation a touché en premier lieu l'aristocratie locale, maîtresse de la terre et des hommes.

Wambert nomme le jeune Bertoul intendant de ses biens, tâche dont il s'acquitte à merveille, en faisant preuve de respect, de dévouement et de partage, qualités appréciées, mais éminemment rares dans la société violente du VIIe siècle. C'est vrai qu'il est à l'épreuve quand le comte, accompagné de sa femme Homburge, réalise le pèlerinage de Rome. Le couple se trouvant sans héritier fait du jeune intendant son héritier. Par la suite, Wambert et Homburge repartirent pour Rome. A leur retour, atteints d'une fièvre pernicieuse, ils succombent sans avoir revu leurs domaines.

Bertoul hérita donc, et se retira dans le monastère de Saint-Denis, créé peu d'années auparavant. C'est là qu'il reçut le sacerdoce. Du monastère, il partait souvent avec ses compagnons pour aller prêcher et missionner dans les environs. L'abbaye prit, raconte sa Vita sous sa très sage conduite, une extension extraordinaire. Il fallut bientôt construire dans le voisinage d'autres fondations pieuses. « C'est ainsi que tout son héritage servit à la gloire de Dieu et au soulagement des pauvres ». Car saint de son temps, la charité est au cœur de son action.

Bertoul serait mort en 705, peut-être le 5 février, jour où il est célébré. La piété populaire en fit un saint et les églises de Fruges et d'Assonval lui sont dédiées. A noter que le prénom de Bertoul, Bertuphe, sera très populaire dans le Haut-Pays jusqu'au XIXe siècle. Le saint fut enterré dans son abbaye.

Celle-ci aurait été détruite par les Normands, au temps de leur grande incursion dans le nord de la Gaule, dans les années 879-882. Les reliques du saint pérégrinèrent, comme il se doit, pour gagner la ville de Gand et l'abbaye Saint-Blandin, en passant au préalable par Boulogne-sur-Mer, Audinghen et Harlebèke.

Vers 1100, fut fondé un prieuré à Renty, de l'ordre de Saint-Benoît : il fut dédié à Saint Bertulphe.