Paul Triquet (1865-1933)

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Paul Triquet
Portrait de Paul Triquet


État civil

Paul Triquet est né le 14 juin 1865 à Fourmies (Nord), fils d'Edmond Joseph Triquet et de Marie Joseph Alphonsine Anna Eugénie Lagnaux. Il est mort le 19 juin 1933 à Paris. Ses funérailles ont été célébrées à Lillers le 22 juin 1933.

Parcours

  • Ingénieur des arts et métiers.
  • Vice-président de la chambre de commerce de Béthune.
  • Président du conseil d'administration des Ateliers de construction de Lillers (ancien établissements Paul Triquet), directeur de l'usine de Lillers.
  • Conseiller du commerce extérieur de la France.
  • Administrateur de la Banque de France de Béthune.
  • Président d'honneur du groupe de Béthune des anciens élèves de l'école nationale des arts et métiers.
  • Membre de la société des ingénieurs civils de France.
  • Membre du comité départemental de l'enseignement technique.
  • Membre du comité régional d'action coloniale.
  • Délégué cantonal.
  • Conseiller municipal de Lillers.

Distinction honorifique

  • Chevalier de la Légion d'honneur en qualité de directeur des Ateliers de la Sarre et de Lillers (décret du 9 février 1924 sur rapport du ministre des Travaux publics).

Éloges funèbres

Le Journal de Bruay du 2 juillet rapporte les discours prononcés lors des funérailles de Paul Triquet :

Discours de M. You, ingénieurs des Ateliers de construction à Paris

« Mesdames, messieurs,

Des voix plus autorisées et plus éloquentes que la mienne, vous diront toute à l'heure l'animateur prodigieux, le grand chef d'industrie, l'excellent camarade que fut l'homme que nous pleurons aujourd'hui.

Il était nécessaire, tant est immense la consternation de tous ceux qui ont participé à son œuvre, qu'une parole fut dite aussi pour apporter à sa mémoire l'hommage affectueux de ses collaborateurs. Parmi eux, beaucoup d'autre plus anciens que moi, qui ont vécu à ses côtés pendant près de trente années dans une ambiance familiale, partageant ses joies et ses peines, puisant dans son exemple aux heures difficiles le courage de persévérer, sont en ces jours de deuil étreints par une si profonde et si cruelle angoisse, qu'il leur était impossible d'apporter à notre chef le dernier et solennelle adieu.

C'est ainsi que m'échoit aujourd'hui le triste privilège, dont je mesure à la fois le poids et la grandeur, d'exprimer à notre chef, à notre patron (comme il aimait que nous l'appelions), l'admiration sans borne que nous avions pour lui.

S'il m'est permis ici d'évoquer un souvenir personnel qui restera à jamais graver dans ma mémoire, je rappellerai brièvement les conseils qu'il me donnait quelques heures à peine avant la crise tragique qui devait l'emporter. Il m'honorait ainsi de ses conversations familières, où avec une simplicité charmante, une bonhomie délicieuse, il aimait à retracer souvent les grandes règles de sa vie. Ce jour-là donc, et je puis dire que ce furent presque ses dernières paroles, il me dit ceci : « marchez droit, ne vous écartez jamais de cette ligne idéale d'honnêteté, de probité. Vous y trouverez parfois, comme j'en ai trouvé moi-même, de redoutables obstacles, mais vous vous imposerez ainsi à l'estime de tous, à dans cet estime vous trouverez la force et les armes utiles pour triompher des difficultés passagères, marchez droit ! »

Marchez droit ! cette formule d’une concision expressive et saisissante, résume en effet la doctrine de toute sa vie. Mais à cette idée de probité, il attachait un sens plus large que celui que la morale coutumière lui attribue. Elle ne consistait pas seulement pour lui dans ces notions usuelles d'honnêteté et de franchise, elle consistait aussi dans son esprit, à répandre le bien, à semer autour de lui le bonheur, dans la mesure où il pouvait le faire, à aider les jeunes, à soutenir les faibles, à secourir les malheureux, à encourager chacun, et souvent, aux heures de la guerre, dans des conditions périlleuses, par son magnifique exemple.

À côté de ces bienfaits, dont certains ont laissé une trace tangible, comme la Caisse de secours qu'il contribua pour les ouvriers dans la détresse, comme ces cours d'apprentissage, ces cours de dessin pour le jeunes, ces prix en espèces qu'il faisait décerner aux enfants pauvres, combien aussi de grandes et nobles actions dont quelques unes sont parvenues par hasard à notre connaissance, car cet homme au grand cœur avait le souci de pratiquer la charité à l'insu de tous, Paul Triquet faisait le bien pour le bien.

Ainsi, ses parents, ses amis, tous ceux qui l'ont approché, réalisent aujourd'hui la perte irréparable qu'ils ont subie. Aussi ne pouvons-nous nous résoudre à lui adresser un éternel adieu. »

Discours de M. Defrance, vice-président du conseil d'administration des Ateliers de Lillers

« C'est avec une profonde émotion que je viens m'exprimer, au nom des membres du conseil d'administration des Ateliers de constructions de Lillers (anciennement Paul Triquet) les sentiments de tristesse profonde et les regrets que nous cause la mort si rapide de notre président et ami Paul Triquet.

Lorsque l'ayant vu il y a huit jours à peine, présider notre dernier conseil avec sa vivacité d'esprit coutumière, s'exprimant avec sa passion habituelle pour tout ce qui intéressait son cher Lillers, nous avons peine à imaginer cette fin si brusque qui enlève à notre société son président et son directeur d’usine.

Après avoir fait de fortes études qui lui permirent d'obtenir le diplôme des Arts et Métiers, Paul Triquet, très jeune encore, créa à Lillers un petit atelier qui, peu à peu, se développa grâce à l’activité intelligente de son animateur et devint, après quelques années de travail acharné, un centre important de construction de matériel pour mines. c'est en 1921 que les ateliers Paul Triquet, ayant pris un développement qu'avait hâté la reconstruction des mines sinistrées pendant la guerre, prirent la dénomination des Ateliers de la Sarre et de Lillers, après fusion avec les Ateliers de construction de Dilling, en Sarre, pour devenir en 1925, Atelier de construction de Lillers.

Ces ateliers sont l'œuvre de Paul Triquet, qui en conçut les premiers plans, organisa la fabrication, agrandit les halls au fur et à mesure du développement de l'exploitation, créa un bureau d’études qui devint rapidement important et dont les archives constituent un précieux patrimoine, toujours tenu à jour, permettant de répondre à toutes les demandes de matériel pour les mines, les fours à coke et la manutention mécanique en général.

C'est Paul Triquet, qui grâce à sa direction éclairée, à sa grande autorité dans le milieu d'affaires où il comptait tant d'amis, a pu organiser avec l'aide de collaborateurs zélés et d’un personnel ouvrier dévoué, les Ateliers de Lillers dont il était justement fier. En même temps qu'il dirigeait ces ateliers et surveillait l'élaboration des plans au bureau d'études, M. Triquet, dont l'activité était intense continua à visiter sa clientèle fidèle qui savait apprécier ses qualités de loyauté et d'intégrité commerciale jointes à celles du technicien éprouvé dont les conseils étaient souvent sollicités. Ce sont ces mêmes qualités que nous aimions retrouver en notre collègue du conseil d'administration, qui devint en 1932, notre président à la mort de M. Puech.

Ses conseils avisés, sa grande habitude des affaires, rendait sa collaboration efficace et recherchée, ainsi qu'en témoignent les nombreux groupements et comité dont il était membre.

Son optimisme naturel lui faisait espérer, lors de nos derniers entretiens, un adoucissement de la terrible crise mondiale, dont nous souffrons, mais dont les Ateliers de Lillers furent relativement préservés grâce aux efforts de M. Triquet. Il ne lui sera pas permis, hélas, d'assister à la reprise tant espérée des affaires à leur cour normal et de voir à nouveau, en pleine activité, les Ateliers de Lillers, auxquels il a consacré sa vie de grand travailleur et d'honnête homme. »

Discours de M. Borame, ingénieur des Arts et Métiers

« Au nom de la promotion 1880 des anciens élèves de l'école des Arts et Métiers, j'ai le pénible devoir de prendre la parole pour dire un dernier adieu à l'ami cher et dévoué que nous perdons en Paul Triquet.

Si sa naissance ne lui avait pas apporté la fortune, par contre la nature lui avait prodigieusement avantagé de ses dons. Très vigoureusement constitué au physique comme au moral, il jouissait d'une puissance et d'une rapidité de travail telles, que sa vie durant, la fatigue lui fut inconnue, son optimisme et son esprit d'entreprise étaient débordants, son énergie indomptable, la droiture de son caractère inflexible, sa bonté infinie, la clarté de ses vues sans défaut ; aussi, la cordialité de son accueil et sa sympathie agissante, entraînaient-elles immanquablement à sa suite, dans un sillage d'amitié, quiconque l'avait approché.

Quant Triquet quitta l'école, il avait emporté l'estime profonde et impérissable de tous ceux qui l'y avaient connu.

Il entra presqu'aussitôt à la maison de construction mécanique bien connue, Messian-Legrand, à Cambrai, dont il devint rapidement directeur ; puis, à 32 ans, il fonda à Lillers, avec M. Nicolas, la maison de construction Nicolas et Triquet.

Cette société prit en peu de temps un important développement et Triquet s'y montra un véritable chef qui, par son compétence et la fermeté de sa volonté, sut tout à la fois se faire obéir et aimer de son personnel. Il se spécialisa dans la construction du matériel d'exploitation des mines de charbon, qu'il marqua d’innovations heureuses.

Quand la guerre survint, la durée du contrat qui le liait à M. Nicolas était terminée et Triquet était resté seul à diriger sa maison industrielle qui ne tarda pas à se trouver sur la ligne des hostilités. Il transporta alors ce qu'il put de son matériel à Caen, s'y installa et y travailla aux fournitures de l'armée.

Dès la fin de la guerre, il retourna à Lillers, reconstitua son usine et trouva à s'employer largement à la réfection des mines dont l'envahisseur avait détruit les accès et l'outillage avant d'être chassé de notre territoire. La croix de la Légion d'honneur vint récompenser tant de valeureuse énergie dépensée.

Triquet tient un rôle de premier plan dans sa région : il fut conseiller municipal de Lillers, vice-président de la Chambre de Commerce de Béthune, administrateur de la Banque de France de Béthune, membre du comité départemental de l'enseignement technique, délégué cantonal, membre du comité régional d'action coloniale. En outre, il était conseiller du commerce extérieur de la France.

C'est dire qu’elle quantité d'énergie et de travail Triquet dépensa sans compter pendant cinquante ans de vie industrielle et qu'elle estime il avait su inspirer à tous ceux qui l'ont connu et apprécié.

Il disparaît à 68 ans en pleine activité, emporté subitement au cours d'un déplacement dans la capitale. Sa mort si imprévue laisse un vide cruel dans les rangs de sa promotion d'école et est douloureusement ressentie par la population de Lillers et ses nombreux amis dont beaucoup sont venus de loin se confondre avec une foule immense et recueillie qui a tenue à l'accompagner à sa dernière demeure. » »


Sources