Église Saint-Pierre-ès-Liens de Thiembronne

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Église Saint-Pierre-ès-Liens de Thiembronne
Thiembronne église2.jpg
Informations
Dédicace saint Pierre ès Liens
Dates de construction XIXe siècle
Particularités style néogothique flamboyant
Classement
Accessibilité ouverte au public


Les premiers édifices religieux

À l'emplacement actuel de l'église se trouvait à l'origine une chapelle seigneuriale servant tant à ses propriétaires qu'à leurs serfs. Le site demeura au fil des siècles un lieu de culte, accueillant plusieurs constructions successives. Nous savons que l'église du village fut rebâtie après avoir été brûlée en 1666 par l'ennemi, une reconstruction dont il reste la chapelle, devenue à présent la sacristie, et qui demeure la partie la plus ancienne de l'église (un de ses murs porte la date de 1673). Au cours du XVIIIesiècle, le nouveau bâtiment se détériore lentement : si les confessionnaux sont à refaire en 1725, c'est toute la construction qui s'abîme déjà en 1790, avec une nef encore solide mais un pavement défectueux.

Le sort de l'église à la Révolution

Les événements de la Révolution achèvent de saccager la modeste église : les métaux (dont une des deux cloches) sont réquisitionnés et envoyés à Boulogne pour y être fondus en canons et monnaies ; statues, crucifix et calvaires sont arrachés et brûlés dans l'église. L'église sert alors d'entrepôt au salpêtre, lequel est fabriqué dans une ancienne classe (toute proche de la fontaine), et dont les cuves occupent l'église avant d'être transportées vers la poudrerie d'Esquerdes. Les biens du clergé sont ensuite vendus et, à Thiembronne comme ailleurs, les habitants les plus aisés tentent de racheter les monuments pour les restituer plus tard aux paroissiens : vendue en 1798, c'est dès 1802 que l'église est restituée à la communauté thiembronnoise par Joseph Warnier, maire, et Jean-Baptiste Dufay. Cette même année, le maire fait état des dégradations subies à l'église (déjà fort mal en point) par les enfants du village, visant de leurs pierres, vitres et ardoises. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la petite église possède une seule nef sans caractère en pierres blanches, briques et cailloux, et un modeste campanile situé entre le chœur et la nef, abritant deux cloches.

La construction de la tour avec sa flèche (1851-1855)

La tour vers 1900

Le campanile, devenu branlant, menace de tomber chaque fois que sonnent les cloches, et l'on décide en 1851 la construction d'une tour, sur le modèle de celle de Wismes, surmontée d'une flèche octogonale. Les travaux, financés par des souscriptions volontaires, par la commune et le curé, prennent fin en 1855, et la tour se voit doter d'une nouvelle cloche, l'ancienne, trop petite, étant devenue inaudible. Le chœur est également restauré en 1861 et démoli deux ans plus tard, quand on projette finalement d'agrandir et reconstruire l'église, jugée insuffisante et dangereuse. Il faut préciser que le campanile devenu inutile n'a pas pour autant été démoli et menace toujours de s'écrouler, que le toit est à refaire, que les murs sont lézardés par endroits, et enfin que la commune – qui connaît alors son maximum démographique (plus d'un millier d'âmes) – peine à accueillir dans son église tous ses fidèles.

L’agrandissement de l'église (1862-1866)

Les Thiembronnois offrent de nouveau leurs ressources et leurs savoirs : souscriptions, matériaux, charrois, terrains pour l'extraction des pierres et du sable, main d'œuvre, dans une volonté commune qui leur permet de mener à bien l'agrandissement de l'église, et ce malgré un projet d'abord jugé trop ambitieux par la Commission des Bâtiments civils. Les premiers travaux commencent l'hiver 1863-1864, le chœur est démoli et les murs sont montés d'un mètre, mais ils subissent les grands froids après de fortes pluies, et le dégel réduit bientôt en poussière les pierres fraîchement extraites et la maçonnerie nouvelle. Aux beaux jours, c'est le décès d'Henri Labbé (18 mai 1864), vicaire puis curé de Thiembronne durant 27 ans, et grand initiateur du projet, qui rend incertain le sort de l'église. Son successeur, Adolphe Marche, relance pourtant le chantier, avec l'aide de nouvelles souscriptions et l'appui des notables qui pallieront régulièrement aux dépassements de devis et autres besoins financiers de la commune. La maçonnerie est refaite, on fait venir pierres et sable d'ailleurs car Thiembronne ne peut plus en fournir, on abat des arbres qui sont débités en planches directement sur place, les bois de charpente récupérés dans l'ancienne église ne suffisant pas. Le 5 décembre 1864, l'extérieur de l'église est enfin terminé, la dernière ardoise placée, et à l'intérieur sont entreposées 39 000 petites pierres en prévision de l'élévation des voûtes qui est faite aux premiers beaux jours de 1865. Le 3 juillet 1866, la nouvelle église achevée est bénie par Adolphe Marche, en présence de nombreux autres ecclésiastiques. Le 15 avril 1875, Mgr Lequette, évêque d'Arras, procède à la consécration solennelle de l'église.

Les qualités architecturales de l'église

La nef vers 1900

Souvent présentée dans les notices comme un spécimen de l'art gothique flamboyant, l'église comprend en effet nombre d'éléments caractéristiques de ce style, pourtant leur répartition y est assez curieuse. En réalité, les choix architecturaux des bâtisseurs de l’église sont très étroitement liés à l'histoire mouvementée de sa reconstruction, et à la réalité économique de Thiembronne au XIXe siècle : on peut penser que l'autel du chœur présente une reproduction magnifiée de l'église dont les thiembronnais avaient rêvé pour leur village.

Le mobilier

Un mobilier neuf

  • 1863 L’Impératrice Eugénie envoya un ostensoir à la demande du conseiller d’État M. François Thuillier, lequel obtint peu après également un tableau représentant Saint Pierre ès Liens, patron de la paroisse. La toile de 2,80 mètres de haut coûta 1 400 francs au gouvernement.
  • 1868 Don de la chaire d’une valeur de 2 000 francs, et d’un tableau représentant Sainte Marie d'Égypte par Madame François d’Amiens.
  • 1869 Don de vitraux de la famille de Fernehem
    • vitraux (excepté vitrail du fond), qui sont posés en 1869 et 1870
    • statues de Saint Nicolas, Saint Éloi, statues des chapelles latérales.
  • 1871 Les chapelles latérales de l’église reçoivent leur autel.
  • 1872 Don d’un nouveau chemin de croix, par Madame Dufay-Tellier
  • 1873-1874 Érection à l’église d’un maître-autel qui coûta plus de 12 000 francs
  • 1879 Don d’un confessionnal à l’église par Mademoiselle Rosalie de Fernehem.
  • 1883 Don de la lampe du sanctuaire et des bancs du chœur par Monsieur et Madame Guerlet-Stérin.
  • 1886 Don d’une tribune ornée d’une statue de saint Hubert à l’église par Mademoiselle Rosalie de Fernehem.

1985 : Classement à l’inventaire des objets mobiliers

  • le confessionnal en chêne verni, du XIXe siècle, donné en 1879 par Mademoiselle Rosalie de Fernehem, situé dans la nef, bas-côté nord, adossé au mur nord
  • la déposition du Christ, sur panneau peint en huile sur bois, cadre en bois mouluré, sculpté et doré, du XVIIIe siècle, haut de 2,50 mètres environ et long de 1,60 mètres environ, situé dans la nef, bas-côté sud, accroché au mur ouest.
  • L’apparition de l’Ange à Saint Pierre, tableau en huile sur toile signé de Ch. Saunier et daté de 1863, don de l’Impératrice Eugénie, haut de 3 mètres environ et large de 2 mètres environ, situé dans le chœur, accroché au mur sud.
  • Sainte Marie-Madeleine, tableau en huile sur toile du XVIIIe siècle, donné en 1868 par Madame François d’Amiens, haut de 1,90 mètres environ, long de 1,60 mètres environ, situé dans le chœur, accroché au mur nord
  • Christ en croix, statuette en bois polychromé et rehaussé de dorures du XVIIe siècle, haut de 48 centimètres et d’une envergure de 38 centimètres, situé dans le chœur, chapelle latérale nord
  • Épitaphe de Jean-François Decroix, décédé le 7 décembre 1785, marbre blanc du XVIIIe siècle, formant losange de 56 centimètres de côté, situé dans la sacristie, avec inscription
  • Trois cloches en bronze fondues en 1855 et 1875 par Gorlier et Dubuisson-Gallois, situées dans le clocher, avec inscriptions
  • Le bénitier aux armes de Jacques de Moullart est classé parmi les monuments historiques par arrêté du 1er février 1911.

Liste des curés

Dates Noms
1170 Hugo, prêtre de Tymbronia
1191- 1207 Laurentius, prêtre de Timbrona
1557 Jehan Lhéritier
1557 Nicolas Gresset
1582 Robert Hermé
1582 Philippe Glachon
1613 Jean Véchart
1613 Claude Véchart
1630 Antoine Pocquet
16.. Richard Decloitre
1664 Jean Dupont
1666 Pierre Roussel
1683 Jacques Bucaille
1712 Antoine Clabaut
1736 Jean-François Le Riche
1782 Louis Hulin
1792 Michel Mantel
1801 Jacques Gibaux
1802 Xavier Sauvage
1833 Louis Bresselle
1837 François Frementin
1849 Henri Labbé
1864 Adolphe Marche
1890 Jules Leroux
1912 Oscar Cantraine
1921 Adolphe Démarest
1943 Jean Vermez
1945 Léon Masset
1950 André Vimet
1960 Alfred Henguelle
1981-2000 Brisset (abbé)
1986-1996 Brunel (abbé)

Sources

  • Abbé Leroux, Histoire de Thiembronne, Saint-Omer, 1912.
  • Registres des délibérations municipales de Thiembronne, dépouillement du XIXe siècle par Sophie Léger.
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