L'histoire locale dans le Pas-de-Calais : Différence entre versions
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Version du 1 janvier 2012 à 11:30
L’histoire locale, au sens très large du terme, est chose ancienne sur les territoires ayant formé le Pas-de-Calais, si on veut bien considérer que cette discipline s’intéresse en priorité aux lieux et aux hommes.
Sommaire
- 1 Avant l'an 1200
- 2 Le temps des chroniqueurs (1100-1600)
- 3 L’histoire du XVIIe siècle à la Révolution
- 4 Le temps des sociétés savantes (1830-1945)
- 5 L’Université et l'histoire régionale et locale
- 6 La floraison des associations d’histoire locale (depuis 1945)
- 7 Bibliographie
- 8 Liens internes
Avant l'an 1200
- Les travaux historiques émanent en premier lieu des clercs, et principalement des moines qui vivent dans les abbayes. Seule la langue latine est alors utilisée.
- Les premières œuvres relèvent de l’hagiographie, c’est-à-dire qu’elles concernent la vie des saints locaux et qu’elles visent à édifier les clercs et les chrétiens par leurs mérites. Ces productions émanent généralement des abbayes que ceux-ci ont contribué à fonder, mais elles ont été souvent remaniées par la suite. La Vita Audomari (Vie de saint Omer) est la plus ancienne de celle qui nous a été conservée, puisqu’elle date du IXe siècle.
- La Renaissance carolingienne voit la floraison de nouveaux genres, tout d’abord les Annales dont nous ont parvenues celles des abbayes de Saint-Vaast d’Arras et de Saint-Bertin. Celles-ci ont cependant une portée générale et le local n’y apparait qu’incidemment. Les cartulaires, chroniques concernent surtout l’histoire des abbayes. Folquin, moine de Saint-Bertin, a réalisé celui de son abbaye vers 960; il s’est nourri des archives qui y étaient conservées. Il ouvre ainsi la série des chroniques bertiniennes qui connaîtront des prolongements dans les siècles suivant avec les livres de Simon et d'Iperius.
- Enfin, on note l’émergence des généalogies. La plus ancienne, qui concerne les comtes de Flandre, fut l’œuvre de Witger, un moine de Saint-Bertin. Elle fut rédigée entre 951 et 959.
- Quelques éléments d'histoire locale se trouvent dans le Liber floridus, cette belle encyclopédie rédigée vers 1120 par Lambert de Saint-Omer, chanoine de Notre-Dame. Outre quelques notes généalogiques concernant son ascendance, il fournit une chronologie qui fixe les dates essentielles des comtes de Flandre, de Boulogne, des évêques de Thérouanne et des dignitaires de Notre-Dame.
Le temps des chroniqueurs (1100-1600)
L'histoire ecclésiastique
L'histoire ecclésiastique reste un genre assez fécond durant les beaux siècles du moyen-âge. Elle émane toujours des clercs qui produisent leurs oeuvres en latin. Jean d'Ypres,mort en 1383 plus connu sous le nom d'Iperius donne une nouvelle version d'une Chronique de Saint-Bertin jusqu'en 1294. Baldéric, qui fut chantre de l'église de de Thérouanne, produit au XIIe siècle une chronique de Cambrai et de Saint-Vaast. On peut supposer que l'évêché de Thérouanne fit également l'objet d'une chronique que les historiens anciens ont connu sous le nom de Chronicon Morinense. Guillaume d'Andres rédige au XIIIe siècle une chronique de son abbaye, nourrie de ses chartes. L'abbaye de Clairmarais dispose aussi de sa chronique avant la fin du XIIIe siècle.
Des chroniques attachées aux grandes familles
C'est peut-être Lambert, curé d'Ardres (1160-1227), qui inaugure pour nos territoires ce nouveau genre dans une Historia comitum Ghisnensium, ou Chronique de Guînes et d'Ardres, dans laquelle il retrace l'histoire de ces deux familles seigneuriales. Citons aussi Baudouin d'Avesnes, dont la Chronique concerne plutôt le Hainaut, mais qui par la matière généalogique qu'il y développe, s'intéresse à quelques familles qui lui sont apparentées (les châtelains de Saint-Omer, les Créquy, etc..)
Les chroniqueurs
A partir du XIIIe siècle, les oeuvres historiques sont écrites aussi dans la langue française. Dès le XIVe siècle, fleurissent quelques chroniques de Flandre et d'ailleurs, anonymes pour la plupart, mais dont certaines ont pu être l'oeuvre d'Artésiens ou de Boulonnais, puisque la matière locale est fortement présente dans leurs écrits. On notera, à titre d'exemple, la Chronique Artésienne, du début du XIVe siècle, une Chronique anonyme de Flandre, conservée à la Bibliothèque de Saint-Omer.
Au XVe siècle, si les plus grands chroniqueurs restent attachés aux ducs de Bourgogne, dont ils retracent la geste politique, quelques-uns, moins importants, fournissent des oeuvres pittoresques où le local trouve bien sa place, tels Jacques du Clercq. Au XVIe siècle, Louis Brésin, natif de Vaudringhem, poursuivra dans cette voie.
La généalogie
Ce sont encore les familles comtales qui font l'objet de généalogies. Et tout d'abord, la famille de Flandre. Witger trouve, dans ce créneau, de nombreux continuateurs qui ne se contenent pas d'actualiser la généalogie, au fur et à mesure du temps qui passe, mais qui peu à peu, construisent la légende des origines de Flandre, en y intégrand les grands forestiers. Lambert de Saint-Omer, en son Liber Floridis fournit même, vers 1120, une ascendance qui remonte à Priam, duc des Troyens. Cette matière flamande reste alimentée par les moines de Saint-Bertin, relayés dès le XIIe siècle, par ceux de Clairmarais.
Pour ce qui est des comtes de Boulogne, c'est tout d'abord à une ascendance prestigieuse de Godefroy de Bouillon, premier roi de Jérusalemm, que l'on s'est attaché dès la fin du XIe siècle. On le fait remonter jusqu'à Priam, père de Faramond, par les ducs de Namur. Vers 1200, Lambert d'Ardres fournit quelques éléments généalogiques empreints de légende. C'est cependant au sein de l'abbaye de Saint-Wulmer de Samer que se contruira la grande généalogie des comtes, dans le courant du XIIIe siècle, généalogie largement légendaire pout tout ce qui est antérieur à l'an mil.
L’histoire du XVIIe siècle à la Révolution
Le XVIIe siècle porte la marque de l'érudition qui imprègne alors les travaux historiques. Ceux-ci s'appuient sur des sources plus ou moins critiquées. Ces voies nouvelles sont alors pleinement explorées par les Jésuites, puissants dans les XVII provinces des Pays-Bas, et les Bénédictins du royaume de France (Mabillon, Congrégation de Saint-Maur). Le temps est à la visite des chartriers, aux recollements d'actes, à l'édition de textes, dans laquelle le local ne peut que trouver sa part.
De 1590 à 1660: les premiers grands travaux d'érudition
- Les recherches historiques, dans la partie artésienne, se place dans le cadre des Pays-Bas espagnols, d'une large Belgique, sion redécouverte, du moins prise en considération.
- Deux Artésiens Guillaume Gazet et Ferry de Locre produisent des histoires ecclésiastiques des Pays-Bas, vastes catalogues chronologiques d'évêques, d'abbés et de saints. Leur objectif vise l'édification des chrétiens, dans le cadre d'une Réforme catholique conquérante.
- L'Anversois Aubert le Mire, dans son oeuvre féconde, publie systématiquement les textes puisés des chartriers de la Belgique, au sens large. Les chartes les plus anciennes des abbayes d'Artois sont alors éditées.
- Les Jésuites renouvellent profondément le genre hagiographique en recherchant lleurs sources dans les bibliothèques. Si Herbert Rosweyde (569-1629) accumule la documentation sans trop de méthode, ses successeurs, Jean Bolland et les Bollandistes font oeuvre de clarté, de rigueur et d'approche critique dans la publication des vies de saints (les Acta Sanctorum) qui débute en 1643 et qui se prolongera jusqu'à maintenant. Dans la même veine, Joseph de Ghesquière de Raemsdonk, jésuite, né à Courtray vers 1736, mort vers 1800, publie entre 1783 et 1794 les six volumes des saints de la Belgique, les Acta Sanctorum Belgii.
- Au plan plus strictement local, l'époque est dominée par les travaux de Jacques Malbrancq sur la Morinie (1639-1654), ouvrage qui fera date et référence pour des générations d'historiens locaux.
De 1660 à la Révolution: le développement de la quête de textes
- Jean-Robert Hannedouche de Rebecque
- Dom Estienne Le Pez
- Dom Béthencourt
- dans le sillage de dom Grenier
Le développement des sciences auxiliaires
Ce développement s'oriente dans plusieurs directions
Les curiosités archéologiques
La Renaissance a permis uen redécouverte de l'Antiquité et de son archéologie. La curiosité vers les choses antiques est indéniable, notamment vers les découvertes de la période gallo-romaine. Elles sont souvent le fruit du hasard, comme c'est le cas au XVIIe siècle avec un tombeau trouvé à Course, paroisse de Doudeauville, ou encore à la Calicque. La curiosité va aussi vers les monnaies romaines. Dans son histoire de la Picardie, dom Pierre-Nicolas Grenier recense des monnaies trouvées à Menneville, Wailly-Beaucamp, Villers-l'Hôpital, Longvilliers, Gouy-Saint-André, Boulogne-sur-Mer, Carvin, Autingues[1]. La plupart de ces découvertes datent du XVIIIe siècle. Même intérêt pour les voies romaines, après les travaux de Nicolas Bergier. En son temps, Malbrancq avait, le premier, tenté une description du réseau routier de la Morinie antique. La question avait été reprise par dom Grenier.
Les recherches épigraphiques et héraldiques
Des recueils épigraphiques existent depuis le XVIe siècle. Avant la guerre de Trente Ans, on signalera les épitaphiers de d'Aubrometz et de Jacques du Clerck et par la suite, les travaux d'Estienne Le Pez et de Malotau de Villerode.
La généalogie à l'épreuve de l'érudition
L'histoire provinciale
Le temps des sociétés savantes (1830-1945)
Les sociétés savantes créées avant 1945
- Académie des sciences, lettres et arts d'Arras (1737)
- Société académique des antiquaires de la Morinie (1831)
- Commission des antiquités départementales du Pas-de-Calais (1846)
- Société académique de Boulogne (1864)
- Société Académique du Touquet (1906)
- Société historique du Calaisis (1914)
L’Université et l'histoire régionale et locale
Les travaux pionniers
- L'université, au sens large du terme, s'est intéressée d'abord à l'histoire régionale et locale, dans la cadre de l'Ecole des Chartes, institution fondée en 1821, et des facultés de droit. Ses travaux correspondent généralement à des thèses portant sur les institutions, sur la littérature, le droit, quelques essais biographiques et déjàl'archéologie monumentale. Ils sont parfois relayés par les sociétés savantes. De 1870 à 1900, on peut citer parmi les travaux intéressant le Pas-de-Calais, les thèses d'Arthur Giry, sur les institutions audomaroises, de Gilbert Rouchon sur Conon de Béthune, Carlois Cagè sur Louis de Luxembourg, Paul Tierny, Camille Enlart, Georges Daumet, Camille Bloch et Maxime le Bègue de Germiny, Henri Guy, Henri Fasquel, Edouard Giard, Georges Van Kempen, René Serpette de Bersaucourt, Louis Déprez, Charles Hirschauer, sur les Etats d'Artois, Eugène de la Gorgue-Rosny, Marcel Decroix, Georges Lenoir.
- Il faut attendre 1909 pour qu'une thèse plus proprement d'histoire soit soutenue. Elle vient de Louis Lennel, concerne Calais au Moyen-âge et est présentée à la Faculté de Lettres de l'Université de Lille. Dans les années d'avant-guerre, on citera l'étude, dans le cadre d'un DES, de François Laude,, sur les classes rurales en Artois sous l'Ancien régime, travail rapidement publié et qui ouvre de nouvelles voies vers l'histoire économique et sociale.
Dans le sillage de la nouvelle histoire
Tendances actuelles
Les travaux universitaires
La floraison des associations d’histoire locale (depuis 1945)
Les associations
Histoire locale
- Société historique de Guînes (1957)
- Amis du Vieux Calais (1959)
- Société archéologique et historique de Bapaume (1961)
- Société Quentovic (1965)
- Cercle archéologique de la Côte d'Opale (1966)
- Club Histoire Cuinchy (1966)
- Amis du musée du passé et de la bibliothèque de Berck
- Club Archéologique de l'Hesdinois (1970)
- Comité d'histoire du Haut-Pays (1972)
- Cercle historique du Ternois (1976)
- Cercle historique portelois (1981)
- Gauheria (1984)
- Association pour la Découverte d'un Coin d'Artois (1986) [secteur de Norrent-Fontes]
- Association cuturelle et historique d'Ardres (1986)
- Association locale pour l'Histoire de l'Artois (1989) [Isbergues]
- Stapula (1991-2009)
- Cercle historique d'Auxi-le-Château
- Comité historique de Mazingarbe
- Association cartophile et historique de Vaulx-Vraulcourt (1995)
- Comité historique de Bouvigny-Boyeffles (1999)
- Noeux mémoire (2001)
- Les Compagnons de la Violette [Montreuil-sur-Mer]
- Les Amis du Patrimoine saint-martinois (2002)
- Cercle d'études en Pays Boulonnais (2005)
- Association des amis du patrimoine de Fressin (2006)
- La Mémoire d'Haillicourt (2007)
- Histopale
- Mémoire d'Opale (2009)
- Comité Historique d'Hersin-Coupigny
- Comité historique de Carency
Généalogie
- Groupement Généalogique de la Région du Nord (1971)
- Association Généalogique du Pas-de-Calais (1980)
- Société Généalogique de la Côte d'Opale (1985)
- Association pour la Recherche et la Publication d'Etudes Généalogiques
- Club Généalogique Winglois (1994)
- Centre d'Études Généalogiques du Pays des 7 Vallées (1996)
- Association généalogique La Couturoise (1996)
- Club Généalogique de l'Artois Liévin
- Racines Arrageoises
- Histoire et Généalogie de l'Audomarois
- Centre d'Etudes Généalogiques du Ternois (2006)
- Cercle généalogique des vallées de la Lawe et de la Brette
Les associations de soutien
Bibliographie
- Osile Paris-Barubé, La province antiquaire. L'invention de l'histoire locale en France (1800-1870), Editions du Comuté des ravaux historiques et scientifiques, 2011
Notes
- ↑ Roland Delmaire, Trouvailles monétaires anciennes en Picardie d'après les manuscrits de Dom Grenier, Revue arcgéologique de Picardie, n° 4, 1982